article : MARTIGNONI-HUTIN Jean-Pierre G. : « Fabulous Las Vegas : la Mecque du jeu et de tous les excès semble une nouvelle fois - tel le Phénix cet oiseau mythique qui symbolise la renaissance et l'immortalité dans la tradition grecque - renaitre de ses cendres post COVID de manière spectaculaire. La cité du péché ne cesse de nous étonner…pour le meilleur et pour le pire ( novembre 2022, 24 pages , 28 notes, 8 annexes ) ( publié en France sur jeu-legal-france.fr 24/11/2022, les casinos.org 25/II/2022, en Suisse sur casinoweb.ch du 25/II/2022)
Résumé
Résumé de l’article de MARTIGNONI-HUTIN Jean-Pierre G : « Fabulous Las Vegas » : Analysant l’histoire de Las Vegas Sally DENTON et Roger MORRIS montrent magistralement dans leur ouvrage - « Une hyper Amérique : argent, pouvoir, corruption ou le modèle Las Vegas (Autrement,2001/2005)- l’imbrication du monde des affaires, du monde de la mafia, du monde des jeux , du monde politique avec son cortège de corruptions, de violences. Imbrication qui selon les deux journalistes serait à l’image de la société américaine dès ses origines mais aussi « modèle » qui aurait profondément influencé l’histoire politique, financière, syndicale…. de l’Amérique. DENTON & MORRIS dressent un portrait qui fait froid dans le dos, des principaux personnages - « des grosses légumes , des hommes de poids : une poignée de personnalités dont le pouvoir ont été décisifs pour l’histoire de la ville » - qui visiblement n’étaient pas des enfants de cœur, même quand ils n’étaient pas directement des truands, des assassins et même parfois des hommes tombés dans la folie : Meyer LANSKI : le racketteur à la présidence du conseil de direction, Benny BINION hors la loi et symbole, Pat MCCCARAN un démocrate autocratique, Bugsy SIEGEL : exécuteur et entrepreneur, Hank GREESSPUN arnaqueur, Este KEFAUVER le prophète opportuniste, Bugsy SIEGEL le dingue, Howard HUGHES (Aviateur célèbre, homme d’affaire, milliardaire, Hughes passa les huit dernières années de sa vie alité toute la journée, vivant nu, drogué, sans jamais se couper la barbe, les cheveux, les ongles. Se méfiant des microbes il s’enferma au casino Désert Inn de Las Vegas sous la garde d'infirmiers mormons qu'il estimait de toute confiance)
Las Vegas existe que ça plaise ou non, ce qui construit en plein désert est déjà miraculeux. Son histoire sombre existe également. Malgré ce passé et à cause de ce passé sin city ( la cité du péché) représente - et peut-être symbolise plus qu’elle ne représente - la ville temple du rêve Américain. Avec toute l’ambivalence, les contradictions, la démesure de ce rêve. Ce n’est pas au sociologue de condamner cette démesure qui peut parfois paraître obscène. Car avec un peu de recul nous constatons qu’elle n’est pas nouvelle. D’Égypte à la Chine en passant par la Grèce et l’empire Romain, les constructions architecturales babyloniennes ont toujours accompagné les civilisations et les cultures des nations riches, conquérantes, guerrières, impérialistes, audacieuses, ambitieuses….En outre qui a construit Las Vegas ? Des truands, des hommes politiques véreux, des figures locales corrompues, des banques sans éthique … ou les millions de joueurs qui fréquentent la ville tripot depuis des lustres ? Ce renversement épistémologiquement invite à s’interroger sur une autre question : pourquoi ça joue dans les casinos de Las Vegas ou à d’autres jeux d’argent ? Le citoyen américain ou le visiteur étranger qui fait l’effort d’aller à Vegas pour jouer mais aussi pour voir des spectacles, dormir dans des chambres de luxe, se marier, s’en mettre plein les yeux et le ventre dans les restaurants des casinos…. sait très bien qu’il n’y a pas de repas gratuit ( There Is no free lunch) qu’il a de grandes chances de perdre, qu’il peut tout perdre. Mais il sait aussi qu’il en aura pour son argent , qu’il peut gagner et qu’éventuellement, si la déesse Fortuna lui sourit, qu’il peut décrocher le jack pot sur une machine à sous. En ce sens, allez dans la ville fabuleuse de Las Vegas, ou participer à une loterie quand il y a un big win, ce n’est pas simplement faire un écart avec la vie ordinaire, c’est croire en un avenir meilleur, souhaiter une rupture avec l’ordre logique des choses. Le pactole faramineux - 2,04 milliards de $ - remporté en novembre 2022 par le gagnant du Power Ball aux ETUN , le plus gros gain mondial de l’histoire des jeux de hasard & d’argent, ne peut que conforter cette croyance. Une fois de plus nous ne pouvons que conclure avec Aragon (1897-1982) - dans son ouvrage Les voyageurs de l’Impériale ( Gallimard, 1942) - : « Allez , allez, vous aurez beau faire, on jouera toujours »…. à Vegas ou ailleurs.