(Faire) voir la mémoire à Villeurbanne
Résumé
Lorsque nous déambulons dans Villeurbanne, que se passe-t-il exactement pour nous ? Nous percevons un certain nombre de formes, que nous traduisons instantanément en catégories : ceci est un arbre, ceci est un immeuble, etc. En partant de cette phénoménologie ordinaire, le problème de la mémoire est à nouveau posé : comment est-il possible de dire "ceci est de la mémoire" ? Car on ne la voit jamais comme on verrait par exemple une "maison", bien définie dans les dictionnaires. Pourtant, on peut la voir partout, "incarnée" dans les lieux, objets, personnes, où elle aurait, en quelque sorte, élu domicile. On dira par exemple des Gratte-Ciel qu'ils incarnent un "projet socialiste et hygiéniste" et qu'ils sont, en ce sens, mémoire d'une politique municipale. Mais pour voir les Gratte-Ciel ainsi, encore faut-il connaitre cette histoire, encore faut-il qu'elle ait été racontée, et qu'elle soit considérée comme vraie, sans quoi, pour le passant ordinaire, les Gratte-Ciel ne sont jamais que des "immeubles".
Pour pouvoir voir "la mémoire", il faut donc qu'existent des dispositifs qui lui donnent une visibilité publique; dispositifsà la fois langagiers et pratiques qui apprennent au public à voir les choses "autrement", et à avoir "conscience" de ce que "représentent" les choses qui l'entourent. A partir de l'analyse de certains d'entre eux sur le territoire de Villeurbanne - les "explorations utopiques" des Gratte-Ciel, les journées du patrimoine, les visites menées par les associations locales,... - cette communication visera à comprendre les procédures typiques par lesquelles des entités communes viennent à être catégorisées et vues comme "la mémoire de Villeurbanne".