Le souffle court : Catherine Pozzi, Raymond Queneau, Alix Cléo Roubaud
Résumé
Le cas des journaux est quelque peu différent : ils sont tenus sur des périodes plus ou moins longues et sont par définition inscrits dans l'immédiateté, ce qui les rend enclins à consigner le détail répété des troubles physiologiques. Ils permettent d'évaluer la progression de la maladie, mais aussi la manière dont les perceptions qu'en a le diariste évoluent. Nous avons choisi de pencher plus spécialement sur la question de l'asthme telle qu'elle est évoqué dans trois journaux : celui de Raymond Queneau, celui de Catherine Pozzi, et, plus près de nous, celui de la photographe Alix Cléo Roubaud. La maladie du souffle, chronique, tend à prendre une place particulière dans ces trois œuvres, qu'elle marque de ses alternances de crises et de rémission. L'écrire est d'abord une manière de soulager la charge d'angoisse qu'elle entraîne. Mais le journal permet aussi de réfléchir à l'éventuelle portée éthique ou spirituelle de l'asthme, en mettant les symptômes en relation avec des états de conscience. Ces journaux s'offrent à penser la maladie dans le cadre d'un véritable cheminement identitaire, capable de donner une cohérence éthique ou spirituelle à la défection du corps.