Hiérarchie des légitimités. Obstacle et défi à la connaissance des violences carcérales - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Tracés : Revue de Sciences Humaines Année : 2010

Hiérarchie des légitimités. Obstacle et défi à la connaissance des violences carcérales

Corinne Rostaing

Résumé

This paper proposes to explore the moral obstacles to the knowledge of violence in prison, which have to do with the hierarchical organization of the legitimacy of violence. There seems to be no question that there is violence in prison. In a first section, we focus on the specificities of the prison environment and analyze the forms which institutional violence takes, beyond the usual discourse on interpersonal violence. How can violence be studied in an institution which, because of its mission and the way it is organized, itself produces violence ? How can interviewees be made to speak about violence, when the prison environment incites to shams, makes it difficult to stay oneself and necessary " to look wild " ? In a second section, we question the principles of the hierarchical organization of the legitimacy of violence in prison, starting from an observation that all forms of violence are not equal. What are the effects of that hierarchical organization on the investigation ? Some types of violence are more justifiable than others, because they receive official recognition. Violence is handled differently according to the status of the victim, whether it is a prisoner or a member of staff. The sociologist can be interested in violence that is particularly taboo : sexual violence, staff violence against the prisoners or violence among staff. These various obstacles to the knowledge of violence can then become tools of knowledge.
Cet article propose d'analyser empiriquement les obstacles moraux à la connaissance des violences carcérales du fait de la hiérarchisation des légitimités des violences. La violence semble évidente en prison. Il s'agit dans un premier temps, à partir des spécificités de la prison, de saisir les formes que prend la violence institutionnelle, au-delà des discours institués sur les violences interpersonnelles. Comment étudier la violence dans une institution qui, par sa mission et par son dispositif est elle-même productrice de violences ? Comment inviter les enquêtés à parler de violence alors que la prison incite aux faux-semblants du fait de cette difficulté à rester soi-même et à la nécessité de " paraître sauvage " ? Il s'agit dans un second temps, partant du constat que les formes de violence ne se valent pas toutes, d'interroger les principes de hiérarchisation des légitimités des violences observables en prison et ses effets sur l'enquête. Certains types de violences sont plus légitimes que d'autres, dans la mesure où ils reçoivent une reconnaissance officielle. Les violences sont traitées différemment en fonction du statut de la victime, selon qu'il s'agit d'un détenu ou d'un membre du personnel. Le sociologue peut centrer son regard sur certaines violences particulièrement taboues : sexuelles, celles des personnels sur les détenus ou celles entre personnels. Ces différents obstacles à la connaissance de la violence peuvent alors devenir des outils de connaissance.

Dates et versions

halshs-00965963 , version 1 (25-03-2014)

Identifiants

Citer

Corinne Rostaing. Hiérarchie des légitimités. Obstacle et défi à la connaissance des violences carcérales. Tracés : Revue de Sciences Humaines, 2010, 2 (19), pp.83-99. ⟨10.4000/traces.4906⟩. ⟨halshs-00965963⟩
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