Ni guerre, ni paix.
Résumé
Comme en attestent nombre de rapports officiels et d'enquêtes qui leur sont consacrés, les jeunes enseignants français ne sont guère acquis aux savoirs dispensés par une formation qui, en deuxième année d'IUFM, vise à les professionnaliser. Pourtant, s'ils manifestent de fortes réserves par rapport aux savoirs issus de recherches ne relevant pas de disciplines académiques, les stagiaires et les néo-titulaires ne paraissent pas moins investis dans leur métier que leurs prédécesseurs. Plus qu'eux sans doute, ils se disent demandeurs d'une formation qui les prépare " vraiment " au métier et leur évite, une fois en poste, de sombrer dans la routine. Pourquoi alors se montrent-ils si critiques vis-à-vis de savoirs qui, s'ils ne peuvent effectivement les aider à faire leurs cours pour le lendemain, visent à leur procurer les outils d'une réflexivité consubstantielle à la professionnalisation et qu'ils ne récusent pas sur le fond, bien au contraire ? La nature et la masse des savoirs disponibles pour mieux les armer sont vraisemblablement en cause, mais on voit mal cependant pourquoi ils ne sont pas davantage mobilisés, ni pourquoi ceux qui pourraient en bénéficier ne sont pas plus demandeurs, voire acteurs de leur développement. Les raisons de ce paradoxe ne sont pas uniquement cognitives, mais doivent être en partie recherchées dans les conditions de socialisation des nouveaux enseignants dont les nouveaux modèles de formation sont entrés en vigueur au moment même où, dans le second degré en tout cas, les finalités de l'enseignement et la nature des publics subissaient de profondes transformations