Le couple face à l'infertilité - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2011

Le couple face à l'infertilité

Résumé

Cette proposition de communication porte sur un domaine de la santé qui concerne avec une acuité particulière le couple : la santé reproductive, dans le cadre notamment d'une assistance médicale à la procréation. A partir d'une enquête qualitative réalisée auprès d'hommes et femmes en couple ayant rencontré des difficultés à concevoir, nous analysons la gestion du projet de grossesse quand celle-ci tarde à venir, c'est-à-dire en cas d'infertilité (passagère ou durable). La planification des naissances qui s'est développée grâce à la diffusion de la contraception (Leridon et al., 2002 ; Daguet, 2002), prépare les couples à la programmation, mais très peu à l'insuccès de cette planification, en cas d'infertilité. Bien qu'informés sur les taux d'échecs de l'assistance médicale à la procréation (AMP), les couples infertiles qui entament un processus de médicalisation de leur infertilité vivent mal les périodes d'attente, les échecs, parfois répétés et ce d'autant plus fortement s'il n'y a pas d'enfant au final. C'est sur cette expérience d'infertilité, qui place les couples de manière involontaire en dehors de la norme environnante (celle de faire des enfants), que nous avons mené notre recherche. Notre objectif était d'étudier la gestion intime, sociale et médicale de l'infertilité et de sa médicalisation. Par le biais de l'échantillon de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (OBSEFF), nous avons réalisé 25 entretiens auprès d'hommes et de femmes qui résidaient dans la région Ile-de-France et qui avaient arrêté tout moyen de contraception pour avoir un enfant (Mazuy, Rozée, 2008). Les personnes interrogées étaient toutes en union hétérosexuelle et en recherche de grossesse d'une durée allant d'un an à dix-sept ans. Les femmes interrogées étaient âgées de 30 à 42 ans et les hommes de 32 à 60 ans. L'ensemble de ces personnes appartenaient aux catégories sociales et professionnelles moyennes et supérieures, et dans une moindre mesure à des catégories moins favorisées. Dans la continuité des travaux de Laurence Tain qui émet l'hypothèse que les pratiques et les réglementations de l'AMP sont imprégnées par le système de genre, qu'elle définit comme " un dispositif social hiérarchique qui produit une différentiation sexuelle binaire et par suite des attributs sexués spécifiques " (Tain, 2004 : 236), la gestion de l'infertilité par le couple, le monde médical et la société dans son ensemble est effectivement liée aux représentations masculines et féminines de la procréation. Les multiples interactions des couples infertiles avec le monde médical, l'entourage, et au sein même du couple, entretiennent une certaine mise à distance des hommes dans la gestion quotidienne de l'infertilité. La sexualité programmée par les femmes pour optimiser les chances de grossesse, les multiples tabous autour de l'infertilité d'origine masculine, la culpabilisation et la responsabilisation plus fréquente des femmes font que l'infertilité reste une expérience difficilement dicible pour les hommes et très stigmatisante pour les femmes. Les conditions de circulation de la parole des hommes et des femmes sont polarisées : d'une expression ouverte pour les femmes, exprimant la douleur, le sentiment d'échec, aux non-dits ou à la dérision des hommes, cette expérience intime et commune au couple qu'est l'infertilité entretient, voire accentue, les constructions sociales du féminin et du masculin.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00613683 , version 1 (05-08-2011)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00613683 , version 1

Citer

Magali Mazuy, Virginie Rozée. Le couple face à l'infertilité. Journée d'étude "Le couple face à la santé et à la maladie", Mar 2011, Marseille, France. ⟨halshs-00613683⟩
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