Le droit contre les usages. La crémation, destination et statut des cendres
Résumé
La crémation en France sort actuellement de son statut de pratique marginale, au sens de pratique relativement peu répandue et peu normative, pour devenir un référentiel en matière de choix de sépultures au même titre que peut l'être l'inhumation. Ce changement de mœurs, implique plus largement que le simple fait de recourir à un mode de sépulture. C'est toute la culture du culte du tombeau, du souvenir situé des morts qui se trouve questionné. S'il est notable que depuis deux décennies au moins la crémation ne pose plus de problème, il en va autrement de l'usage des cendres qui en découlent. La ligne de partage n'est plus de promouvoir l'inhumation au détriment de la crémation vue comme une " manifestation d'irréligion " par le clergé, mais de penser la crémation sur un autre plan que celui de l'inhumation, laquelle suppose une " sédentarisation " des morts hors champ des vivants. Or, la réponse actuelle des pouvoirs publics va davantage dans le sens d'une harmonisation des pratiques autour d'un unique modèle se référant à une tradition, que dans le sens de l'invention d'un nouveau rituel. L'intention de cet article est d'analyser les transformations en cours au regard du droit et d'interroger plus avant la " normalisation " de cette (ces) pratique(s ).