Dispositifs et rituels du seuil : une topologie sociale. Détour japonais
Résumé
On ne peut, censément, traiter la question du seuil sans retourner à Van Gennep. Et pourtant, le statut de la dimension matérielle et spatiale des rites de passage, le rapport de la société à la matérialité précisément, sont évacués de l'analyse. On passe alors à côté de champs entiers d'interrogation, comme si la spatialité et la matérialité des seuils n'était qu'un péché originel.
La question des limites et du seuil apparaît comme l'élément central d'une nécessaire topologie sociale . Arts et sciences de l'étendue reposent à l'origine sur le fait que celle-ci a été morcelée puis organisée, que des espaces, des territoires différents ont été définis, délimités, porteurs de sens ; que dans les limites matérielles et symboliques qui les séparent ont été ménagés des négations, des trous, des possibilités de passage. Ces opercules, dispositifs à topologie variable -la porte, le portail, la fenêtre même, et bien d'autres dispositifs sont les figures différentes de l'opercule, du percement dans la limite, de sa négation locale. C'est la dualité, l'ambivalence séparation/passage qu'il faut se donner comme objet, car elle nous révèle la fragilité, l'incertitude intrinsèque -et par là même l'importance- de cet échafaudage symbolique.
Pour le faire mieux saisir, l'article s'appuie sur la description de trois exemples de franchissement du seuil et de portes d'entrée d'habitations, observés à Kyôto, puis de quelques notations européennes. Il tâche d'en dégager des éléments permettant de penser les seuils matériels, leurs dispositifs et leurs rituels.
La question des limites et du seuil apparaît comme l'élément central d'une nécessaire topologie sociale . Arts et sciences de l'étendue reposent à l'origine sur le fait que celle-ci a été morcelée puis organisée, que des espaces, des territoires différents ont été définis, délimités, porteurs de sens ; que dans les limites matérielles et symboliques qui les séparent ont été ménagés des négations, des trous, des possibilités de passage. Ces opercules, dispositifs à topologie variable -la porte, le portail, la fenêtre même, et bien d'autres dispositifs sont les figures différentes de l'opercule, du percement dans la limite, de sa négation locale. C'est la dualité, l'ambivalence séparation/passage qu'il faut se donner comme objet, car elle nous révèle la fragilité, l'incertitude intrinsèque -et par là même l'importance- de cet échafaudage symbolique.
Pour le faire mieux saisir, l'article s'appuie sur la description de trois exemples de franchissement du seuil et de portes d'entrée d'habitations, observés à Kyôto, puis de quelques notations européennes. Il tâche d'en dégager des éléments permettant de penser les seuils matériels, leurs dispositifs et leurs rituels.