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Chapitre D'ouvrage Année : 2022

Khat: This - Bad - Grass of the Other .

Aux Frontières du Khat : Cette - Mauvaise - Herbe de l’Autre .

Céline Lesourd

Résumé

Chewing khat leaves in search of their stimulating properties was long confined to the Muslim populations of eastern Ethiopia. Today, the leaves are grown in Madagascar, stripped by orthodox Christians in Addis Ababa, traded with Chinese sellers in Canton and discreetly chewed in London. Despite national prohibitions, as they weave their trellis around the world, moving from a domestic economy to a cash economy, these leaves have been erected as social and political boundaries that (re)draw lines of tension and power relations both in their plant cradle and on a national and international scale. From a diachronic perspective, based on the work of Abraham Krikorian (1984) and Ezekiel Gebissa (2004, 2010a, 2010b), we trace the circulation of khat: Firstly, in Ethiopia, where it emerged late from its original gangue, and then quickly moved from one trading post to another in the Muslim Horn of Africa, or towards Yemen and Madagascar. We will then follow khat to North America, Europe and as far as Oceania, where diasporas, notably Ethiopian and Somali, have settled. The aim here is to sketch out a non-exhaustive cartography of khat, reflecting the pragmatic conditions that are driving its expansion - land saturation, falling coffee prices, developing modes of transport, youth protests, mass emigration - and those that are hindering it - namely the growing number of prohibitions that exporters are doing their utmost to circumvent despite the risk of seizure (Anderson et ali, 2007; Lesourd, 2019). These circulations and their obstacles transform the social representations of khat by influencing its affective value: always decried by some but praised by others, the branch acts as a marker of borders (Barth, 1998), the bearer of community (re)crystallisations that are constantly being reinvented. Amharas. Oromos. Somalis. Orthodox Christians. Local" Muslims versus Muslims with practices from Saudi Arabia. These identity-based antagonisms are all the more vigorous because global trends have changed the financial value of khat. The revenue generated, and the people involved, must be monitored and controlled, because from the point of view of Ethiopian central government, the sap of khat sometimes still has the flavour of yesterday's regionalist struggles, while from the vantage point of the American War on Drugs, it is denounced as a threat to national and international security (Beckerleg, 2009; Carrier, 2008; Anderson, 2011; Klein, 2013)
Mâcher les feuilles de khat à la recherche de leurs propriétés stimulantes a longtemps été circonscrit aux populations musulmanes de l’est éthiopien. Aujourd’hui, les feuilles sont cultivées à Madagascar, elles sont effeuillées par des chrétiens orthodoxes à Addis-Abeba, elles sont négociées auprès de vendeuses chinoises à Canton et discrètement ruminées à Londres. Malgré les prohibitions nationales, en tissant leur treille à travers le monde, en passant d’une économie domestique à une économie de rente, ces feuilles ont été érigées comme autant de frontières sociales et politiques qui (re)dessinent des lignes de tensions et des rapports de force tant dans leur berceau végétal qu’à l’échelle du pays et à celle internationale. Dans une perspective diachronique, à partir des travaux menés par Abraham Krikorian (1984) et Ezekiel Gebissa (2004, 2010a, 2010b), nous retraçons les circulations khat : celles en Éthiopie, d’abord, où il s’est extirpé tardivement de sa gangue d’origine tandis qu’il a vite caboté de comptoirs en comptoirs dans la Corne musulmane de l’Afrique ou vers le Yémen et Madagascar ; puis nous emboîterons le pas au khat vers l’Amérique du Nord, l’Europe et jusqu’en Océanie où sont installées les diasporas, notamment éthiopiennes et somaliennes. Il s’agit ici d’esquisser une cartographie non exhaustive du khat en écho avec les conditions pragmatiques qui dopent ses expansions – saturation foncière, chute des cours de café, développement des modes de transport, contestation de la jeunesse, émigrations massives – et avec celles qui lui font entrave – à savoir la multiplication des prohibitions que des exportateurs s’évertuent à déjouer malgré les risques de saisies (Anderson et ali, 2007 ; Lesourd, 2019). Ces circulations et leurs entraves transforment les représentations sociales du khat en influant sur sa valeur affective : toujours décrié par les uns mais encensé par les autres, le rameau œuvre comme un marqueur de frontières (Barth, 1998), porteur de (re)cristallisations communautaires en réinventions permanentes. Amharas. Oromos. Somalis . Chrétiens orthodoxes. Musulmans « d’ici » versus musulmans aux pratiques venues d’Arabie Saoudite. Ces antagonismes identitaires sont d’autant plus vigoureux que les trajectoires globales ont bouleversé la valeur financière du khat. Ainsi, les revenus générés, et leurs acteurs, doivent être surveillés, contrôlés, car, vue du pouvoir central éthiopien, la sève du khat a parfois encore le goût des luttes régionalistes d’hier tandis que, dans la lorgnette de la War on Drugs américaine, on dénonce ses relents menaçants pour les sécurités nationale et internationale (Beckerleg, 2009 ; Carrier, 2008 ; Anderson, 2011 ; Klein, 2013).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03920240 , version 1 (03-01-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03920240 , version 1

Citer

Céline Lesourd. Khat: This - Bad - Grass of the Other .. Herbs and the Evolution of Human Societies, Cambridge Scholars Publishing, 2022, ISBN (13): 978-1-5275-7970-5. ⟨hal-03920240⟩
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