Recomposition des territorialités rurales dans un petit État insulaire en développement : les Kiribati (océan Pacifique)
Résumé
En raison de ses caractéristiques physiques et de son potentiel économique, la République des Kiribati est constituée entièrement de territoires ruraux, excepté au niveau de la branche sud de l’atoll choisi comme capitale du pays. La faiblesse de la diversité et de la quantité des ressources naturelles présentes sur les îles coralliennes des Kiribati a favorisé une construction communautaire tournée vers l’exploitation du milieu. Malgré le caractère exhaustif de l’utilisation des ressources, l’arrivée occidentale lors des grandes explorations Pacifique a renouvelé certains principes d’exploitation du milieu tout en atténuant le rôle vital des ressources naturelles des Kiribati pour ces sociétés rurales.
La République des Kiribati est une construction coloniale constituée de trois archipels dont un seul était peuplé à l’arrivée des occidentaux, l’archipel des Gilbert. Ces îles d’abord délaissées par les différentes puissances coloniales sont finalement entrées sous le jouc britannique en 1892 par intérêt géopolitique. En 1901, ce protectorat prend de l’intérêt par l’incorporation d’une île phosphatique isolée, Banaba. L’indépendance de 1979 est corrélée à l’épuisement des ressources phosphatiques sur l’île de Banaba, face au marché mondial, les I-Kiribati doivent remettre l’accent sur l’exploitation des ressources naturelles qu’ils connaissaient déjà avant leur ouverture au monde. Dans cette perspective, ce sont essentiellement le coprah et la ressource halieutique qui permettent un semblant de bénéfice économique au pays.
Traditionnellement, les territoires ruraux des Kiribati se sont constitués suivant un mode autarcique englobant les différentes îles constituant l’atoll ou le banc récifal. Les liens entre les seize territoires ruraux de l’archipel des Gilbert qui s’étirent sur 1500 km le long d’une ride océanique était rare. Cette économie de subsistance perdure dans le pays malgré la volonté toujours plus poussée de ses habitants d’entrer dans l’économie monétaire. La modernisation des transports a permis la mise en place d’un commerce monétaire basé sur la valorisation des ressources naturelles. Toutefois, certaines de ces ressources, généralement les plus difficiles à exploiter ont été abandonnées en raison de l’arrivée de nouveaux produits par l’importation.
Cette exploitation renouvelée des ressources naturelles du pays par l’importation et l’apprentissage de techniques modernes a modifiée l’organisation territoriale. Dans les îles extérieures, les communautés rurales se sont désenclavées par le mise en place de ponts et de routes reliant les îles principales de l’atoll ou du banc récifale, mais aussi par la présence d’un port et d’un aéroport qui leur permet des liaisons facilitées avec l’atoll capital. A Tarawa, le réseau routier est encore plus développé et la présence d’un port et d’un aéroport d’échelle internationale facilite les échanges avec les autres pays.
Une mission de trois mois aux Kiribati à l’hiver 2010 a permis de prendre la mesure de l’évolution du rapport aux ressources naturelles des I-Kiribati par l’intermédiaire d’entretiens semi-directif dans la capitale Tarawa et dans l’île extérieure d’Abemama et par un travail d’observation.