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Chapitre D'ouvrage Année : 2022

La qualité alimentaire : du pragmatisme au paradigme

Résumé

Chercher à « bien manger » est une sujet commun, au sens constant, et commun à chacun, qui règle l'existence. Et c'est parce que la vie a besoin de quelque chose de supérieur pour nous élever, nous forger, que la qualité alimentaire et sa discursivité, s'observe par les angles de la diversité à l'uniformité, comme de l'individualisation à l'universalité, comme par les représentations sociales, normatives ou commerciales. Une subjectivité culturelle La bonne alimentation a toujours eu un caractère mythique par représentation traditionnelle ou légendaire. La recherche du bon, la recherche de la qualité, a un caractère démocratique : elle nourrit le peuple. En cela produire la dimension qualitative de l'alimentation porte sur les modèles, concepts, représentations, et sur l'acte de « bien manger ». Le fait de « bien manger » ou la recherche de « bons » produits fait nécessairement référence à l'empirisme, la subjectivité, l'élitisme, voire le chauvinisme. La représentation la plus courante, plutôt sympathique, consiste à assimiler le paradigme de « manger bon » à un rêve à la portée de tout un chacun. Toutes les images variables du bon et du bien-manger ne sont pas sans fondement. Le consommateur fonde la construction de sa réflexion du bien manger sur des stratifications d'expériences satellites, en accumulant les pratiques afin de rechercher de nouveaux critères représentatifs, et afin de construire sa propre définition du concept qualitatif alimentaire. En France, prenant en compte les mélanges des cultures populaires créées au fil des époques, la production de la bonne alimentation reste toujours une activité très importante et représente un secteur d'activité lucratif et créateur d'emplois. Au-delà de l'attente sociale et des diversifications culturelles, tout un chacun a tendance à rechercher dans sa nourriture la qualité, le bon et la fonctionnalité du bienmanger. Alors que le bon à manger n'est nullement défini officiellement, il paraît justifié de se questionner sur ce qui est bon et ce que représente l'acte de bien-manger aux yeux du consommateur, pour observer si de multiples modèles existent (Stengel, Bien manger et manger bon, 2016). Afin d'envisager cette hypothèse, le consommateur tente d'observer ce qui est formellement annoncé comme étant bon aujourd'hui et ce qui le fut hier, ainsi que l'ancrage de ces affirmations. Il cherche à analyser les champs du bon et du mauvais comme du plaisir et des besoins, les champs identitaires, générationnels, de la filiation, de l'élitisme, les champs économiques, publicitaires, techniques, sanitaires, culturels, religieux, sociaux, anthropologiques, ainsi que les champs du transmissible et de son essence. L'enjeu est donc pour le consommateur de se représenter les modèles de qualité et l'harmonisation de ces différences. Bien qu'étant une notion indéfinie et nébuleuse, « penser sa qualité alimentaire » c'est réfléchir au rapport qui existe entre l'homme, ce qui l'entoure et ce qui le fait grandir. L'homme est un être mangeur et cette situation est pour lui à la fois une situation naturelle et sociale. Cette situation le fait sans cesse revenir aux choses fondamentales, revenir aux besoins de la connaissance, afin de connaître ce qu'il mange, sans pour autant tout connaître afin de laisser la possibilité à son esprit de penser sa nourriture, revenir à la justification de ses choix. L'affirmation philosophique sartrienne souligne que nous sommes la source absolue de nos choix, « c'est-à-dire une source absolue de valeurs et de libertés » (Misrahi, dans Lire 2012). Il s'agit d'une ambiguïté à multi-facettes, puisqu'elle exprime la condition paradoxale d'un être qui est indivisiblement un corps et une pensée, un choix physiologique et moral. Un ensemble qui régit le fait de choisir la qualité des aliments qui nourrissent notre corps et notre esprit. Pour exprimer la qualité, au-delà du concentré pluri-sémiotique du précipité de langage (Berthelot-Guiet, 1993) « bon » (plaisir, sain, éthique), qui profite d'une forte intentionnalité communicationnelle, la valeur de la qualité alimentaire reste vague, parce que trop vaste, peu précise, et trop subjective, en fonction du contexte et ou de l'identité du consommateur. Afin d'apporter une réponse à cette subjectivité, la sociologie, pour exemple, émet une hiérarchisation du « bien manger » comprenant une certaine qualité des aliments, une qualité des préparations, une bonne compagnie, un repas de fête, une
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03833874 , version 1 (28-10-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03833874 , version 1

Citer

Kilien Stengel. La qualité alimentaire : du pragmatisme au paradigme. Manuel Concours commun IEP 2023, Ellipses, 2022, 9782340072022. ⟨hal-03833874⟩
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