Imagination, jugements et émotions
Résumé
In Upheavals of Thought: The Intelligence of Emotions, Martha Nussbaum views "the concrete picturing [of the objects of our emotions] in our imagination," e.g. the person that I love or for whom I feel compassion or grieve, as a "cognitive" additional element to emotions, which she defines in terms of judgments. In Love’s Knowledge, she adds that imagination, which she refers to Aristotle’s phantasia, and emotions are essential to practical judgment and moral deliberation. After explaining the way in which Nussmaum thus articulates imagination, judgments and emotions, I show that David Hume offered another way to link emotions and imagination, while defending rather a non-cognitive conception of emotions.
Dans son ouvrage Upheavals of Thought : The Intelligence of Emotions, Martha Nussbaum intègre « notre manière concrète d’imaginer » tel ou tel objet d’une émotion, par exemple la personne que je chéris, ou pour laquelle j’éprouve de la compassion, au titre d’élément « cognitif » additionnel au sein des émotions, ces dernières étant elles-mêmes définies en termes de jugements. Dans Love’s Knowledge, elle montre que l’imagination, qu’elle réfère à la phantasia aristotélicienne, et les émotions, sont essentielles au jugement pratique et à la délibération morale. Tout en présentant la manière dont Nussbaum articule ainsi imagination, jugements et émotions, je défends l’idée qu’une autre prise en compte du rôle de l’imagination en lien avec les émotions peut permettre d’étayer aussi bien une conception « non-cognitive » de ces dernières que l’on pourrait rapporter à Hume.