Production d’aluminium et rejets de gaz fluorhydriques. L’usine d’Auzat au XXe siècle. Premiers résultats
Résumé
L’objectif du projet est de documenter la production d’aluminium et les rejets parallèles de gaz fluorhydriques à Auzat tout en cherchant à mesurer les réactions de la société face à une pollution continue au XXe siècle. La fabrication d’aluminium s’effectue dans des bains d’électrolyse et a pour conséquence d’émettre de fines particules solides de cryolithe et de gaz fluorhydrique. La quantité de déchets fluorés produite varie en fonction des techniques employées pour fabriquer l’aluminium, les différents procédés consommant des quantités plus ou moins importantes de fluor. Ces émissions, difficilement contrôlables, ont donné lieu à des rejets durant l’essentiel de la période d’activité des usines soit parce que les industriels ne cherchaient pas à les arrêter soit parce que les procédés mis en œuvre ne parvenaient qu’imparfaitement à les limiter. Or, dès les débuts de la production industrielle d’aluminium, les conséquences nocives des émanations sont connues : les fumées polluantes provoquent contamination et destruction de la végétation, maladies et mortalité des animaux atteints de fluorose – avant que soient mesurés les effets nocifs chez les humains, plusieurs décennies plus tard. La protection de l’environnement comme idée en cours de constitution – plus que la détermination de la législation et son application ou les attentes des populations locales –, influence les industriels dans leurs premières actions les conduisant à passer d’une politique d’indemnisation des effets délétères de la pollution atmosphérique à celle d’une réduction drastique des rejets, devançant la législation et son application plus coercitive des décennies suivantes. La pollution n’en disparaît pas pour autant et le silence des habitants à ce sujet interroge, surtout dans les dernières décennies du XXe siècle, alors que la conscience environnementale est constituée.