Le climat et la société russe, un cadre de vie scandé par l’hiver - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Le climat et la société russe, un cadre de vie scandé par l’hiver

Résumé

Ce chapitre d’ouvrage est structuré selon un changement d’échelles géographiques. A grande échelle cartographique, la première partie décrit le combat de la société russe contre le froid, dans le milieu villageois traditionnel comme dans la ville moderne, au niveau collectif comme au niveau individuel, dans la maison de chacun ; l’auteur relate de nombreux témoignages concrets et développe les aspects techniques (moteurs des véhicules, etc.) pour donner vie à cette lutte contre le froid. A moyenne échelle cartographique, la deuxième partie souligne au contraire les bénéfices tirés du court été, d’une région à l’autre, du nord au sud et d’ouest en est de la Russie. A petite échelle cartographique, la troisième partie aborde la manière dont le climat russe est vu depuis l’étranger, la société occidentale en ayant développé une vision négative. Dans le pays le plus continental de la planète, la société russe vit avec l’alternance fortement contrastée d’une saison très froide et d’un été réellement chaud. Le gel améliore plutôt les transports routiers en Sibérie, où beaucoup de voies ne sont pas goudronnées et où le nombre de ponts traversant les cours d’eau est restreint. Dans les autres régions russes et, partout, pour les autres moyens de transport, l’hiver apporte cependant de grandes contraintes, la tempête de neige n’étant pas la moindre. Quoiqu’il ne soit pas facile de distinguer entre la croyance, la sensation et la réalité médicale, il semble que le froid intense, surtout s’il arrive brutalement, augmente le risque d’accident cardiovasculaire. Les Russes affirment cependant apprécier bien plus le grand froid sec du centre du pays que les redoux humides venus de la Baltique. A la campagne, traditionnellement, pendant l’hiver, chaque famille reste malgré tout, autant que possible, recluse dans sa maison de bois, où les efforts d’isolation et de chauffage ont toujours été une priorité. Les grandes villes profitent certes de techniques repoussant efficacement le froid, mais elles n’ont pas aboli toutes les contraintes de l’hiver. Elles ont d’ailleurs même accentué le nombre et la durée des sorties à l’extérieur pour la population qui travaille. Les citadins sont également partis vers le nord et l’est à la conquête du milieu polaire et du continent sibérien, dans des conditions, ici de nuit permanente pendant plusieurs semaines, là de froids d’une intensité inégalée ailleurs dans le monde. Pour traverser avec aisance le terrible hiver, l’économie russe dépense beaucoup. Les Russes disent souvent que leur pays paye une sorte d’impôt du froid. Face à ces longs mois glacés, la saison chaude prend une importance d’autant plus grande. Une fois passé le printemps, pendant lequel la Sibérie et de nombreuses régions rurales d’Europe souffrent, dans la boue de fonte des neiges, de la période des mauvaises routes, la raspoutitsa, l’été est la saison qui permet le renouveau des activités et de la vie agricole. En ville aussi, les travaux sur la chaussée et la construction des bâtiments reprennent. Les loisirs eux-mêmes changent de nature. Sur les marges méridionales du pays, la chaleur subtropicale ou méditerranéenne permet d’autres activités. Au bord de la mer Noire, la « Riviera russe » voit s’égrener les stations balnéaires d’Anapa à Adler en passant par Sotchi. Parmi nombre de cultures exotiques de cette région, l’auteur développe plus particulièrement la vigne du Kouban et ledit « thé le plus nord du monde » entre Adler et Lazarevskoïé. A l’opposé du pays, dans le sud de l’Extrême-Orient russe, les derniers relents de la mousson permettent la culture du soja et du riz. Malgré l’existence d’un été chaud sur la quasi-totalité du pays, malgré les palmiers et les agaves de la « Côte d’Azur russe », la Russie, vue de l’Occident, reste un monolithe du froid permanent. L’auteur envisage les conséquences de cette distorsion d’avec la réalité, en prenant l’exemple de la géographie militaire historique et celui de l’actuelle guerre des images.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03744670 , version 1 (03-08-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03744670 , version 1

Citer

Laurent Touchart. Le climat et la société russe, un cadre de vie scandé par l’hiver. La Russie et le changement climatique, une nouvelle géographie du froid, L'Harmattan, pp.75-182, 2011, 978-2-296-56244-8. ⟨hal-03744670⟩
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