Contenus artistiques & science ouverte : Alliage, Hal et al.
Résumé
Notre proposition interroge la présence de contenus artistiques dans le cadre de la culture scientifique, et au-delà, dans les logiques art-science mises en valeurs ces dernières décennies avec l'émergence des figures d'artistes-chercheurs et artistes-chercheuses. De fait, si la complexité de la circulation des œuvres de l'esprit suit des trajectoires variées, liées notamment aux fonctionnements économiques assez différents entre le secteur artistique et le secteur scientifique, l'interdisciplinarité, encouragée par la post-modernité et les pouvoir publics, pose des questions éthiques et techniques nouvelles à l'heure du numérique et de la science ouverte. En quoi l'inscription d'objets éditoriaux artistiques ou composites - qu'il s'agisse de sources, d’œuvres liées aux méthodologies, à des résultats, à de la médiation scientifique, de la vulgarisation ou de l'illustration - dans des archives ouvertes ou autres plateformes de science ouverte renouvelle les usages et la pensée art-science.
Pour apporter des éléments de réflexion à ces interrogations, notre contribution se base sur le travail de migration de la revue Alliage - Culture, science, technique de la plateforme de revue Revel, basée sur le logiciel Lodel, à la plateforme épi-revel, basée sur une éditorialisation au-dessus d'un dépôt dans une archive ouverte. Initiée et portée par le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, la revue date des années quatre-vingts, et explore depuis plus de trente ans la culture scientifique et technique, comprenant non seulement revue de presse, vulgarisation de résultats scientifiques récents, médiations en tout genre, ainsi qu'un panel de contributions artistiques en lien avec les sciences : œuvres de scientifiques, illustrations, nouvelles, poèmes, expérimentations scientifico-artistiques, mises en scène de la science... Aux côtés de grands noms du monde scientifique, de grands noms du monde artistique français et international y ont contribué : peintres, photographes, performeurs et performeuses, poètes et poétesses, stars de la musique et des galeries...
Quand commence le XXIe siècle, la question de la circulation des savoirs en ligne est saisie par le monde universitaire qui s'engage sur la voie des revues en ligne. Dès 2003, l'université Nice Sophia Antipolis et son service commun de documentation choisissent cette voie avec Revel, site de revues en ligne de l'université, qui devient tremplin pour accompagner ses revues locales vers les plateformes nationales, et développe également la mise en ligne de colloques. Alliage, commence alors à paraître sur Revel, en complément de son édition papier, du n°39 au n°74, avec un embargo de trois ans. La mise en ligne avec Lodel reste laborieuse, et nécessite une force de travail qui entraîne une perte de vitesse des équipes de revue. En 2017, un nouvel outil local vient répondre aux exigences pratiques et éthiques du monde de l'édition scientifique à Nice : épi-revel. Il s'agit d'une éditorialisation au-dessus d'un dépôt dans des archives ouvertes (Hal, Zenodo...). Ce système approuvé, commence en 2021 une migration des contenus de Revel vers épi-revel. Pour Alliage, il est décidé, outre la migration des contenus déjà publiés, une numérisation des numéros anciens et leur mise en ligne sur Hal.
Notre réflexion commence donc ici. Doit-on référencer Juliette Greco sur Hal ? Comment traiter les œuvres graphiques et littéraires présentes dans ces numéros ? Sachant qu'ils apportent ici à la science, là à la culture scientifique, toujours à l'expérience de lecture et à l'identité de la revue. Or, nous rejoignons ici les réflexions sur les frontières ici très ténues entre œuvre et document. Nous posons la question juridique et économique, appliqué à la présence en ligne : droit à l'image, droit d'auteur, droit de propriété... Et nous posons aussi la question de la présence sur une plateforme de science ouverte de ce genre de documents. L'équipe du CCSD nous fait remarquer que leur place n'est pas forcément ici. Notre outil permet un moissonnage multiplateforme, ce qui implique que nous pouvons déposer ces œuvres sur d'autres archives ouvertes. Quelles plateforme serait alors la mieux adaptée pour un dépôt d’œuvres à la fois libre et respectant les droits qui y sont liées ? En conclusion, nous ouvrons la question à l'archivage et la mise à disposition de propositions d'artistes-chercheurs et artistes-chercheuses.