Usages commémoratifs contemporains de l’exposition « Minɔ : Amazones du Dahomey »
Résumé
Du 1er au 12 août 2018 se tenait au Bénin l’exposition « Minɔ : Amazones du Dahomey ». Installée à Cotonou sur la Place du souvenir, elle entendait rendre hommage aux agoodijé, ce corps féminin de l’armée du royaume du Danxomè engagé contre les troupes françaises entre 1889 et 1892. Ces guerrières, surnommées les « amazones » par leurs vainqueurs après la conquête coloniale, sont devenues des figures exemplaires d’un exotisme de la sauvagerie. L’exposition Minɔ s’est caractérisée par un usage commémoratif particulier consistant à transformer le mythe des « amazones », hérité du discours colonial, en une noble ascendance précoloniale. Cet article s’attache à retracer la généalogie d’une telle transformation significative de stratégies identitaires contemporaines et démêler l’enchevêtrement de registres mémoriels a priori antagonistes : une mémoire populaire et une instrumentalisation étatique à visée nationaliste.