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Chapitre D'ouvrage Année : 2022

Chapitre 2. D’APB à Parcoursup. Deux conceptions de l’affectation post-bac et leurs effets sur les inégalités

Résumé

Les algorithmes de matching sont centraux dans l’affectation scolaire, en particulier pour l’affectation scolaire post-bac via les portails Admission post-bac (APB) puis Parcoursup. Ces derniers doivent composer avec des défauts qui découlent non pas du strict fonctionnement des algorithmes mais des règles de priorité utilisées pour classer les candidats, comme l’explique Julien Grenet dans le chapitre 1. Le présent chapitre prolonge l’étude de ces procédures d’appariement à l’entrée dans l’enseignement supérieur en France en se focalisant sur leur mise en pratique et en insistant sur les inégalités entre bacheliers que ces procédures génèrent. Le remplacement du portail APB par la plateforme Parcoursup, conséquence de la réforme engagée par la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) de 2018, constitue à cet égard un cas d’étude privilégié pour saisir le rôle des algorithmes dans le passage du secondaire au supérieur en France et, plus généralement, pour étudier leurs effets sur les modalités de sélection des bacheliers. APB a été initialement conçu pour améliorer la réponse institutionnelle aux vœux d’orientation des candidats en la rationalisant à l’aide d’un algorithme d’appariement. Parcoursup, tout en maintenant la logique d’un appariement, substitue à un mode d’allocation centralisé et reposant sur l’attribution d’une fonction d’unique centre de décision à une agence nationale (le service responsable d’APB), un mode d’allocation multi-centrique. Ce dernier recourt toujours à une agence nationale, mais décentralise le processus d’appariement au niveau des formations et des candidats. Alors qu’APB mettait en œuvre un algorithme générant directement des propositions d’affectation, l’algorithmique de Parcoursup consiste, sur un mode plus indirect, à gérer simultanément une multitude de listes d’attente par le calcul d’un « ordre d’appel », ce qui rend les propositions de candidatures davantage dépendantes des préférences exprimées par les candidats et les formations. Le processus d’appariement fonctionne ainsi à deux niveaux : en articulant les vœux des candidats d’une part aux classements des dossiers de candidature par les formations, d’autre part au fonctionnement de l’algorithme d’appel défini par les instances politiques nationales (le chapitre 3 de cet ouvrage présente en détail l’algorithme d’appariement). Nous nous proposons ici d’examiner les opérations de collecte et de traitement des informations requises par les deux systèmes en adoptant comme fil rouge cette différence entre APB et Parcousup. Nous nous appuyons sur une enquête qualitative comprenant l’étude de la littérature institutionnelle, une dizaine d’entretiens et des observations réalisées lors de réunions ministérielles entre novembre 2017 et novembre 2019. Les entretiens se sont déroulés avec les acteurs nationaux en charge d’APB puis de Parcoursup, les responsables de formations de deux universités franciliennes en mathématiques et des étudiants de ces formations. Notre propos se nourrit en outre d’une enquête portant sur l’accès à l’enseignement supérieur et s’intéressant, entre autres dimensions, aux pratiques d’orientation dans les lycées.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03714666 , version 1 (05-07-2022)

Identifiants

Citer

Leïla Frouillou, Clément Pin, Agnès van Zanten. Chapitre 2. D’APB à Parcoursup. Deux conceptions de l’affectation post-bac et leurs effets sur les inégalités. Melchior Simioni, Philippe Steiner (dir.). Comment ça matche, Presses de Sciences Po, pp.61-99, 2022, 9782724639001. ⟨10.3917/scpo.simio.2022.01.0061⟩. ⟨hal-03714666⟩
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