Confiance et défiance : les deux degrés de la communication socionumérique - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Confiance et défiance : les deux degrés de la communication socionumérique

Résumé

La question de la confiance est au fondement de la question de la légitimité à l’oeuvre via les réseaux socionumériques. La confiance est étymologiquement liée à la relation à l’altérité. Le principe d’un réseau social est de rassembler l’ensemble des personnes qui constituent l’entourage social d’un individu. En partant du constat que les réseaux socionumériques sont un prolongement de la communication sociale (Stenger, Coutant, 2011) s’interroger sur le fondement même de la confiance par le prisme de l’influence personnelle (Katz, Lazarsfeld, 2008) permet de comprendre le mécanisme qui mène à la confiance ou à la défiance. De la confiance à la défiance La particularité majeure des réseaux socionumériques est de reposer sur la persuasion, caractéristique d’une société de l’échange basée sur la confiance. Toute la complexité de ces réseaux socionumériques est d’être fondés sur la persuasion, autrement dit l’influence personnelle, l’ambivalence de l’individu interdépendant à l’autre. La confiance étant au centre de toute communication humaine (Hunyadi, 2020), les interactions qui s’opèrent sur ces plateformes relèvent du don/contre-don (Mauss, 2012). Le partage équivaut à une action en attente de reconnaissance tels que les commentaires et les réactions qui correspondent à une nouvelle forme actualisée des gratifications (Katz et al., 1974). Cette reconnaissance de l’autre va mener à la confiance ou à la non-confiance (Morel, 2002). Dans un contexte de méfiance généralisée, la construction de la légitimité des médias sur les réseaux socionumériques suscite des questionnements. Afin de saisir les deux degrés de la communication socionumérique - que sont la confiance et la défiance qui mènent à la légitimité ou à la perte de légitimité - nous avons relié l’information (qui est diffusée par les médias) à la communication de l’information (qui est diffusée par les usagers-récepteurs) en interrogeant huit professionnels des médias ainsi que quinze usagers-récepteurs. Par une méthodologie compréhensive, nous avons pu constater que le regard des médias demeure encore autocentré et ne s’est pas encore déplacé vers les publics d’usagers-récepteurs. Ce qui a pour conséquence chez ces derniers un manque de confiance à l’égard des médias et la recherche d’une autre information. Cette réception de l’information particulière, qui a pour origine une perte de confiance, mène à une défiance assumée à l’égard des médias classiques et des institutions. Une défiance à l’égard des institutions politiques et une perte de confiance envers les médias traditionnels qui créé une tendance à la réinformation (Lukasik, 2018). Cette volonté de réinformer vise à combler un manque dans le traitement médiatique comme nous l’indique R., l’un des quinze usagers-récepteurs. A l’origine, cette diffusion de contre-information a pour but de rétablir la confiance. Cette place périphérique réservée aux relais marginaux, dans laquelle des opinions déviantes de la doxa peuvent se rassembler, peut dès lors constituer la contre-démocratie (Rosanvallon, 2006) ou la démocratie elle-même à des degrés différents. Ainsi, les deux degrés de la communication socionumérique, que représentent la confiance et la défiance, sont les oscillations d’une démocratie, libre du choix d’exprimer le meilleur comme le pire.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03665655 , version 1 (12-05-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03665655 , version 1

Citer

Stéphanie Lukasik. Confiance et défiance : les deux degrés de la communication socionumérique. 89e congrès de l'ACFAS. Colloque scientifique international 418 Labfluens. La Construction de la légitimité dans un contexte de méfiance généralisée., May 2022, Montréal, Canada. ⟨hal-03665655⟩
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