Annoter, extraire, exploiter…vers une pratique imaginale du savoir
Résumé
À partir d’un ouvrage d’Ivan ILLICH, qui étudie le passage de la lecture monastique à la lecture scolastique au XIIe siècle, je propose d’enquêter modestement sur le régime contemporain des savoirs, marqué par l’exploitation des textes, l’instrumentalisation de la connaissance. De plus en plus inscrit dans un régime libéral, managérial et capitaliste, qui lui demande de produire toujours plus, le monde des professionnels du savoir ne s’oppose pas tant à l’industrie, comme on pourrait le croire ; il la sous-tend ; il est l’une des manifestations des politiques extractivistes. Sans établir un lien de cause à effet déterministe, j’y vois cependant une « résonance constitutive » amorcée avec la scolastique, qui culmine avec l’informatique et les outils productivistes qu’elle met à notre disposition. Avec elle, les textes deviennent des mines dans lesquelles puiser ; elle rejoint en cela les ontologies libérales qui transforment tout en ressources à exploiter. Pour le montrer, j’analyse avec la sémiotique des écrans un logiciel d’annotation (LiquidText), salué pour son caractère novateur, qui est en fait un avatar contemporain de la rationalisation scolastique quand il est associé à un fonctionnement libéral de la recherche universitaire. Enfin, je rends compte de mon expérience corporelle de ce dispositif en montrant comment il participe d’un accès problématique – hégémonique – du savoir, avant de plaider pour une pratique imaginale, agentive et sensible.
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