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Communication Dans Un Congrès Année : 2018

Un modèle nordique de développement durable ?

Résumé

Il est frappant de constater la place prise par l’Europe nordique dans l’émergence, au niveau international, du concept de développement durable : Conférence de Stockholm en 1972, Rapport Brundtland en 1987, Charte d’Aalborg en 1994, Convention d’Aarhus en 1998, Prix Nobel de 2004, Conférence de Copenhague en 2009. La notion de développement durable est, dans les faits, très imprégnée des problématiques d’environnement et soulève la question du rapport entre l’Homme et son milieu naturel. L’article premier de l’Agenda 21 mondial, issu de la conférence de Rio, rappelle que « Les êtres humains […] ont droit à une vie […] en harmonie avec la nature. […] Pour être mis en œuvre, ce processus [le développement durable] nécessite une action volontariste d’institutions guidées par une vision à long terme de l’intérêt général, menant des actions de redistribution visant à réduire le creusement des inégalités […]. Pour résumer, le développement durable est atteint quand les différents membres d’une société ont la capacité d’exercer leur libre arbitre sans compromettre l’intérêt général. » Les notions de « vie en harmonie avec la nature », de « patrimoine commun », de « sens de l’intérêt général », de « solidarité », d’« égalité » et de « liberté individuelle », sont donc constitutives du concept de développement durable. Or, ces mêmes concepts semblent revêtir une dimension toute particulière dans les pays nordiques, ce qui laisse imaginer une filiation entre le développement durable et la notion de nordicité. En effet, le rapport particulier à la nature, le sens du compromis et l’aisance à l’expérimentation, propres aux nations fennoscandiennes, peuvent être considérés comme trois prédispositions, que ces peuples ont su mobiliser. La première, s’illustre à travers un culte de la nature, un droit d’accès universel à cette dernière (allemansrett) et une vie à son contact (friluftsliv), dont les racines semblent remonter à la mythologie nordique, à la faible densité de population et un important sens de l’intérêt général. La deuxième et la troisième font échos à une grande tolérance à l’incertitude, à un haut niveau de concertation et de confiance, lié aux valeurs d’égalité et d’humilité qui imprègnent ces sociétés sur fond de protestantisme et de loi de Jante. L’Europe fennoscandienne a ainsi mobilisé ses prédispositions culturelles pour participer à la définition du développement durable, au niveau international, mais aussi pour devenir, de manière rapide et précoce, un terrain d’application privilégié de ce concept. Cette déclinaison domestique est venue alimenter une reconnaissance à l’étranger d’un certain savoir-faire nordique en la matière, source de coopération internationale notamment en direction des pays en développement. Ce point est d’autant plus important dans la mesure où il atténue un certain complexe d’infériorité propre aux nations nordiques. En effet, l’héritage du protestantisme et de la loi de Jante, le faible poids démographique, l’absence de rayonnement linguistique et la situation périphérique de ces Etats, sont atténués et contrebalancés par ce rayonnement international. Face aux signes de faiblesse de l’Etat providence nordique, soit du fameux modèle nordique (issu de la sociale démocratie suédoise), on peut comprendre que ces nations aient investi d’autant plus le champ de l’environnement, pour créer un nouveau modèle, un modèle nordique de développement durable.

Domaines

Géographie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03647941 , version 1 (21-04-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03647941 , version 1

Citer

Grégoire Tortosa. Un modèle nordique de développement durable ?. Festival International de Géographie, Oct 2018, Saint-Dié-des-Vosges, France. ⟨hal-03647941⟩
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