Le "mille-feuille" des labellisations d'aires protégées en France : entre indigestion locale, complémentarité régionale et cohérence nationale
Résumé
Le leitmotiv du mille-feuille des aires protégées à la française est bien connu mais peu documenté. 20 types de labellisation peuvent être déployés à l’échelle métropolitaine, entrainant des superpositions spatiales non négligeables. Labelliser une aire protégée dans un territoire, c’est une cascade de processus qui s’inscrit dans l’histoire du droit de l’environnement. Cet écheveau complexe à la fois temporel, spatial et politique permet d’expliquer « l’indigestion » locale de la part des parties-prenantes, la complémentarité régionale qui actionne différents leviers règlementaires, administratifs et financiers et la cohérence nationale et internationale. Mais la labellisation d’une aire protégée doit faire projet dans et pour le territoire. Or labellise-t-on un projet de territoire ou un projet de paysage ? A condition de concevoir l’aire protégée comme un réservoir de ressources communes selon la terminologie ostromienne, en confiant la gouvernance territoriale et paysagère à un tiers, les tensions et les conflits chutent. Les conditions de l’acceptabilité sociale sont réunies et l’indigestion due au mille-feuille est dissipée. Concilier un projet de labellisation d’une aire protégée dans un territoire requière de combler un triple déficit de connaissance, de reconnaissance, et de dialogue y compris avec les non-humains. Aujourd’hui, l’enjeu est d’être « possédé », soi-même, par un milieu de vie et remplie de vivant…peut-être la seule manière d’être efficace, autrement.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt