Extinction des ophiacodontidés, édaphosauridés et sphenacodontidés vers la fin du Cisuralien
Résumé
Le Permien fut témoin de changements fauniques spectaculaires, liés en partie à au moins trois crises biologiques majeures, autour de la limite Kungurien/Roadien (Cisuralien/Guadalupien), vers la fin du Guadalupien, et autour de la limite Permo-Triasique. La plus ancienne de ces crises coïncide à peu près avec le remplacement d’une faune dominée par des synapsides Permo-Carbonifères (caséidés, varanopidés, ophiacodontidés, édaphosauridés et sphenacodontidés) par une autre, dominée par les thérapsides. Les études précédentes de cette crise ont utilisé une approche taxique et des données stratigraphiques simplifiées sous forme d’occurrence pendant des périodes relativement longues (de l’ordre de durée de l’étage géologique), ce qui peut créer des artéfacts (un lent déclin pendant un étage peut alors apparaître comme une crise subite à la limite entre deux étages). Nous étudions cette crise à l’aide de données stratigraphiques fines (chaque horizon fossilifère de chaque espèce nominale étant daté à l’aide d’un intervalle stratigraphique) dans le cadre d’une approche phylogénétique, en y appliquant un modèle mathématique, appelé « Fossilized Birth-death Process » (FBD), de la diversification et la fossilisation. Notre nouvelle méthode permet d’obtenir la densité de probabilité des temps d’extinction de chaque lignée (espèce), même si elle n’est représentée que par un seul horizon fossilifère, car la méthode exploite le registre fossile de l’ensemble des taxons pour estimer les taux pertinents (fossilisation, spéciation et extinction). Nos analyses suggèrent que l’extinction des ophiacodontidés, édaphosauridés et sphenacodontidés fut graduelle. Les taxons Edaphosauridae et Ophiacodontidae s’éteignirent en premier, pendant le Kungurien ou au début du Roadien; le taxon Sphenacodontidae s’éteignit un peu après, entre la fin du Kungurien et le début du Capitanien. L’extinction des ophiacodontidés et édaphosauridés est compatible avec un remplacement non-compétitif par les thérapsides, mais l’extinction des derniers sphénacodontidés pourrait être liée à la compétition avec des thérapsides.