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Communication Dans Un Congrès Année : 2021

Réseaux et politiques documentaires de l’Ordre cistercien aux XIIe et XIIIe siècles : des abbayes et des textes

Résumé

Issue et prolongeant un mémoire inédit d’habilitation (EPHE, 4 janv. 2021), cette contribution étudie la pertinence et les aspects méthodologiques de l’élaboration d’un réseau biparti comprenant des textes et les institutions qui en ont produit ou commandité la copie. Elle se veut une occasion de tester des possibilités laissées de côté dans le mémoire, en particulier la formalisation de liens à différents niveaux. La première partie justifiera l’application de l’analyse de réseau à l’Ordre cistercien pour contourner l’écueil d’un réseau dont les structures sont trop apparentes. L’Ordre cistercien, dont les abbayes sont soumises à la visite annuelle de l’abbé de l’abbaye l’ayant engendrée, est structuré en « filiations », qui sont autant de réseaux institutionnels, depuis une échelle centrale (branches de Cîteaux et de ses quatre premières filles) jusqu’à des échelons plus locaux. Aussi fait-il l’objet d’études où la notion de « réseau » apparaît régulièrement2. Pourtant, peu de ces études interrogent ces réseaux comme des réseaux effectifs d’interaction avérées et encore moins le font avec les outils de l’analyse de réseaux. Le groupe de chercheurs RECIMA vise désormais à combler cette lacune3. Dans la présente communication, le réseau cistercien est étudié à partir des proximités textuelles révélées par les rapports stemmatiques entre manuscrits commandités ou possédés par des abbayes cisterciennes. En effet, la copie d’un texte par un copiste d’une abbaye sur l’exemplaire du même texte mis à disposition par une autre abbaye est une preuve de l’existence d’un lien effectif entre ces deux abbayes. Plus largement, l’appartenance de plusieurs manuscrits à une même branche d’un stemma montre, sinon un lien direct entre chaque abbaye qui a possédé l’un des manuscrits considérés, mais du moins des liens indirects. La deuxième partie présentera le point de départ d’un réseau égocentri, mais élargi. Les analyses se fondent sur des observations concernant 160 textes et collections de textes attestés ou conservés ayant pour origine ou provenance l’abbaye de Fontenay. Les observations couvrent plus de 1 400 manuscrits, plus de 230 institutions réparties dans un espace qui correspond majoritairement à la France actuelle, mais s’étend à l’Angleterre, l’Espagne et l’Empire. La troisième partie explicitera la mise en œuvre de l’analyse de réseau telle que nous l’avons initialement appliquée, c’est-à-dire avec une réduction d’un réseau multimode à un réseau unimode. Les données sont formalisées en première instance avec des colonnes définissant le texte transmis (« Auteur », « Œuvre », « Classe »), la version du texte (« Famille », « Groupe ») et chaque « Manuscrit » qui transmet le texte. Chaque « groupe » est lié à l’ensemble des « manuscrits » qui transmettent la même version textuelle, puis, grâce à une table externe, chaque manuscrit est lié à la « personne », physique ou morale, qui l’a possédé. Plusieurs essais méthodologiques sont réalisés. Le premier est l’élaboration d’un réseau triparti. Une deuxième méthode consiste à considérer directement tous les éléments « Personnes » possédant un texte d’une même famille et d’un même groupe comme liés deux à deux. Pour réduire à un réseau unimode, les « manuscrits » d’origine et de provenance inconnus, liés à des témoins cisterciens par leur texte, sont traités à leur tour comme des « personnes » pour être préservés dans le réseau. Dans notre analyse, nous avons utilisé le logiciel Gephi avec le module d’extension dédié « MultimodeNetworksTransformationPlugin », ici utilisé dans sa version 1.1.04. Dans tous les cas, les liens sont dépourvus de direction et de poids, car la formalisation et l’exploitation de telles informations ne semblait pas possible et dépendre par trop de l’observateur. Dans notre enquête rédigée en 2020 sur les réseaux et politiques documentaires de l’Ordre cistercien, notre approche consistait à discuter les méthodes et difficultés de la formalisation des données pour la constitution d’un réseau bimodal (manuscrit-personne), d’une part, et de la réduction à un réseau unimode, d’autre part, puis à visualiser et discuter séparément les réseaux pour des types d’auteurs divers. Ces conclusions étant obtenues, nous essayons ici de réinterroger nos données en revenant à l’étape du réseau bimodal entier avec les positions respectives des nœuds « Abbaye » et « Texte [Groupe] ». La cinquième et dernière partie rouvre la discussion sur la granularité, la pondération et l’éventualité d’une modélisation différente.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03503301 , version 1 (27-12-2021)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale

Identifiants

  • HAL Id : hal-03503301 , version 1

Citer

Dominique Stutzmann. Réseaux et politiques documentaires de l’Ordre cistercien aux XIIe et XIIIe siècles : des abbayes et des textes. 6e rencontre Res-Hist Réseaux bipartis en histoire, Oct 2021, Aix-en-Provence, France. ⟨hal-03503301⟩
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