"Une sorcière comme les autres" : Corps étranger à expulser
Résumé
Il sera question d’une expulsion. L’intrigue se déroule dans un groupe de formation à l’observation de bébés selon la méthode dite « Esther Bick », engagé sur un rythme mensuel pendant deux ans, supervisé par deux psychanalystes et impliquant des participants de métiers divers (médecins, infirmières, psychologues et une anthropologue).
Le cas et la scène à partir desquels la problématique de la sorcellerie et du harcèlement sera interrogée est une des séances, psychodramatique, qui fonde l’expulsion finale de l’un de ses membres, progressivement défini comme un corps étranger mettant à mal les frontières et le fondement du groupe.
Les membres du groupe sont socialisés, séance après séance, à partir d’un corps de règles définissant, entre autres, les modalités de choix et de recrutement des familles à observer, la méthode d’observation, la place et le rôle de chacun (observateurs et non observateurs), les formes de circulation de la parole. Le drame se joue autour de la fabrication conjointe, par les formatrices et par le groupe, d’une transgression à partir de la requalification de la règle du (bon) choix de la famille observée et de la (bonne) distance en référence aux notions d’intimité et d’effraction.
Cette situation permet de mobiliser des airs de familles entre les configurations et processus du harcèlement moral et ceux de la sorcellerie que nous déroulerons selon trois axes :
•La fabrique du/de la sorcier.e et du/de la harcelé.e s’instruit dans l’ordinaire des échanges, à bas bruit, dans les coulisses parfois. Dans ces scènes privées se jouent des rapports de pouvoir et des jeux relationnels dans lesquels sont pris tous les membres, mais qui en disqualifient certains plus que d’autres.
•Des scènes publiques, qui s’apparentent à un procès, jouent, elles, les questions de l’attribution de torts, de l’administration de la preuve, de la crédibilité et de l’aveu.
•Enfin, il sera question de mécanismes résolutoires : ici, le rituel de clôture s’organise autour de l’expulsion du « fautif » par le groupe et, simultanément, du geste sacrificiel du membre ostracisé qui accepte sa mise à l’écart puis acte son départ, autant pour permettre au groupe de se restaurer que pour éviter d’être plus violemment et longuement exposé.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)