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Article Dans Une Revue Glottopol : Revue de sociolinguistique en ligne Année : 2015

"L’autotraduction chez Grégoire Chabot : médiation, transmission, survie d’une communauté et d’une littérature de l’exigüité"

Peggy Pacini

Résumé

L’étude proposée est une réflexion autour de l’usage et de la pratique de l’autotraduction chez Grégoire Chabot, auteur-dramaturge franco-américain de la Nouvelle-Angleterre. Elle vise à mettre en lumière les mécanismes, les enjeux et les facteurs extratextuels qui ont conduit l’auteur à s’autotraduire. Pour cela, le corpus choisi se construit autour de quatre pièces et de trois courts récits écrits depuis la fin des années 1970 dont le caractère polymorphe et complexe des textes sources en français mérite qu’on s'y attarde. L’étude interroge avant tout les langues source(s) et cible au prisme du bilinguisme de la communauté d’origine de l’auteur, de son histoire et surtout de sa situation actuelle et de son identité francophone, afin de penser les nécessités contextuelles à l’origine de l’autotraduction. Elle travaille l’écart et la fusion au sein même de ces textes autotraduits qui rendent compte de toute la complexité d’une communauté entre-deux où autotraduction et bilinguisme cohabitent au quotidien et dont les auteurs écrivent en contexte minoritaire de quasi invisibilité. Cette étude vise à montrer comment la production de l’auteur appelle à une remise en cause individuelle et collective de l’identité franco-américaine, qui, chez Chabot, se joue au niveau de la langue et des inégalités linguistiques que les textes autotraduits soulèvent. Elle analyse, enfin, l’évolution du processus d’autotraduction au fil des œuvres de Chabot afin de comprendre comment et pourquoi l’autotraduction est un passage obligé pour l’auteur et sa communauté, une forme de médiation, de transmission, de survie. Aussi reviendra-t-on tout d’abord sur le contexte qui a présidé au renouveau et à la perte de la langue française en Nouvelle-Angleterre ainsi qu’aux diverses initiatives de traductions et d’autotraductions, afin de resituer le champ de production culturelle dans lequel s’inscrit la démarche d’autotraduction de l’auteur. On abordera ensuite la question du rapport entre autotraduction et bilinguisme dans un contexte sociolinguistique asymétrique et la façon dont cette réalité transparaît dans les textes source et cible. Ce faisant, on ne manquera pas de s’interroger sur le caractère diglossique d’une production à 80 % écrite dans un français dialectal qui a emprunté à la fois au joual et à l’acadien tout en s'enrichissant ou s’appauvrissant au contact de l’américain. Mais par-delà cette diglossie en héritage, chez Chabot, c’est avant tout dans la cohabitation des langues que l’autotraduction s’opère et dans un bilinguisme en partage qu’elle trouve son originalité et son identité. On reviendra donc sur les modalités retenues par Chabot pour accommoder ses deux langues en partage, sur les contraintes avec lesquelles il a dû et doit composer ainsi que sur les choix qu’il a opérés, avant de conclure sur l’évolution du rapport de l’auteur à ses textes autotraduits où textes source et cible se complètent et exploitent tous les ressorts et toutes les possibilités langagières des deux langues. En faisant la part belle à la création asymétrique, ces textes en regard ou/et en traduction finissent par se lire comme une multiplication des états du texte, comme différentes strates qui se solidifient pour proposer les fondements d’une identité linguistique autonome et en mutation.
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Dates et versions

hal-03452425 , version 1 (07-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03452425 , version 1

Citer

Peggy Pacini. "L’autotraduction chez Grégoire Chabot : médiation, transmission, survie d’une communauté et d’une littérature de l’exigüité". Glottopol : Revue de sociolinguistique en ligne, 2015, L’autotraduction : une perspective sociolinguistique, 25, pp.163-177. ⟨hal-03452425⟩
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