Entre fabrique d’espace public, émergence de l’individu métropolitain et redistribution du droit à la ville : La transformation des quais de Rabat et de l’esplanade de Bab Lamrissa à Salé (Maroc).
Résumé
La communication s’intéresse à un type particulier d’espace ouvert métropolitain longtemps délaissé et désormais investi par de nouvelles stratégies et politiques urbaines : les façades maritimes et fluviales des villes (Barthel, 2006, 2003).
Elle s'inscrit dans le cadre d’une recherche engagée depuis trois ans au Maroc sur les nouveaux espaces publics de l’esplanade de Bab Lamrissa à Salé et des quais de Rabat produits dans le cadre du projet d’aménagement de la vallée Bouregreg (Mouloudi, 2016, 2015). Elle s’appuie sur l’analyse de documents historiques concernant l’occupation des rives du fleuve, sur des protocoles d'observation in situ et des entretiens qualitatifs avec les aménageurs et les usagers actuels des deux sites sur leurs usages et représentations.
Nous retracerons la trajectoire de ces espaces ouverts particuliers et de leurs reconfigurations sociale, spatiale et économique au cours des dernières années. Nous montrerons leur passage de lieux marginaux à leur intégration à une dynamique urbaine plus large avec un rôle d’instrument et de vitrine de l’intégration métropolitaine dans la mondialisation.
Nous développerons notre analyse chronotopique et multiscalaire (Gwiazdzinski, 2009,2017) des deux sites prenant en compte les pratiques et usages quotidiens (jour, nuit, semaine, week-end, saisons) et événementiels (festival Mawazine Rythme du Monde, Ramadan) et les articulations évolutives avec le reste de la métropole.
Nous mettrons en évidence les conflits de représentations et d’usages entre les stratégies de normalisation et de contrôle développées par les autorités et les modes de réappropriation spontanées et les ruses (De Certeau, 1988) développées par les habitants de la médina et des quartiers proches pour continuer à pêcher, plonger et nager.
Enfin nous essayerons de montrer comment ces « espaces tiers » - d’articulation entre la ville et le monde - contribuent à la fabrique de nouvelles formes d’urbanité (Harroud, 2013, 2009), à l’émergence de « l’individu métropolitain » et à la redistribution du droit à la ville en insistant notamment sur leur fonction centrale pour l’allégement social, l’affirmation et l’émancipation des jeunes et des femmes dans la ville et dans la société marocaine.