Comparaison de quatre mesures du burnout : éléments de convergence et de validité prédictive.
Résumé
L’OMS vient de proposer, dans sa onzième révision de la classification internationale des maladies (CIM-11), une définition générale du burnout au demeurant très proche de la conceptualisation proposée par Maslach et Leiter (1997, 2008). Or, depuis plus de quarante ans, la recherche sur ce sujet propose néanmoins une diversité de façon d’évaluer ce syndrome tant au niveau théorique que méthodologique (Truchot, 2004 ; Zawieja et Guarnieri, 2011). Notre étude examine une part de cette diversité, en comparant quatre mesures du burnout, afin d’en étudier les recouvrements et les différences tant au niveau théorique qu’au niveau psychométrique.
Les quatre outils utilisés sont les suivants :
- la sous dimension d’épuisement émotionnel du Maslach Burnout Inventory (MBI-EE ; Maslach et Jackson, 1981, 1986 ; Girault, 1989 ; Lidvan-Girault, 1996), composée de 9 items ;
- le Burnout Measure Short version en 10 items (BMSv ; Malach-Pines, 2005 ; Lourel et al., 2007) ;
- le Shirom-Melamed Burnout Measure (SMBM ; Shirom et Melamed, 2006 ; Sassi et Neveu, 2010) composé de 14 items recouvrant trois dimensions de l’épuisement : épuisement émotionnel, fatigue physique et lassitude cognitive
- notre propre version française du Copenhague Burnout Inventory (CBI ; Kristensen et al., 2005), composée de 19 items recouvrant trois dimensions : burnout personnel, burnout lié au travail et burnout lié aux usagers.
A partir des donnés recueillies par questionnaire auprès d’un échantillon de 331 participants, majoritairement en CDI et à temps complet, nous avons analysé les corrélations inter-échelles ainsi que les liens de prédiction avec la satisfaction de vie professionnelle (ESVP ; Fouquereau et Rioux, 2002) et la perception de la douleur musculosquelettique du bas du dos, souvent liée à des risques psychosociaux (Lanfranchi et Duveau, 2008).
Une analyse en composantes principales des scores de burnout révèle l’unidimensionnalité de ces mesures avec une unique composante à prendre en compte, selon le test parallèle de Horn, captant 65,5% de la variance totale. Pour autant, les saturations les plus élevées des variables montrent que l’épuisement émotionnel du MBI (.91), la fatigue physique du SMBM (.91), le burnout au travail / personnel du CBI (.81 / .80) et le BMSv (.88) reflètent une tonalité probablement plus physique qu’émotionnelle sur ce facteur, au regard de l’analyse des items composant ces scores. En effet, les variables épuisement émotionnel du SMBM (.67) et du burnout lié aux usagers du CBI (.57) sont ici plus en retrait (qualité de représentation < 50%). La lassitude cognitive est, cependant, bien représentée (.76). La satisfaction de vie professionnelle et la douleur du bas du dos ont été régressées sur l’ensemble des scores de burnout (méthode ascendante). Il en ressort que la satisfaction de vie professionnelle est prédite par la dimension de burnout au travail du CBI ainsi que le BMSv (R² = 30,3%), alors que les douleurs du bas du dos sont prédites par le burnout au travail et personnel du CBI (R² = 16,7%).
Ces résultats montrent une certaine équivalence des mesures de burnout, mais cela reste à confirmer par des modèles en équations structurales qui testeront la séparation ou non des facteurs émotionnels et physiques. La mise en compétition des mesures du burnout pour prédire la satisfaction ou la douleur lombalgique tend à montrer l’intérêt du CBI.