Derrida et Waldenfels. Sur l’hospitalité, quelques réflexions - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Malice, le Magazine des Littératures et des Cultures à l'ère numérique Année : 2020

Derrida et Waldenfels. Sur l’hospitalité, quelques réflexions

Résumé

L'hospitalité a fait l'objet de bien des débats depuis son « renouveau théorique », initié depuis 2016 par de nombreux philosophes et sociologues dans le contexte de ladite « crise de l'accueil » de 2015. Dans ces débats, Derrida occupe une place de choix. Dès les années 1990, il s'est en effet emparé du sujet, dans le contexte de l'« affaire Deltombe », du nom d'une femme accusée de délit de solidarité pour avoir hébergé son compagnon sans-papier, et des luttes collectives de sans-papiers pour leur régularisation. Depuis lors, presque tous les penseurs de l'hospitalité passent par Derrida. Ses écrits ont déjà été commentés et critiqués dans les détails, depuis plusieurs points de vue, que ce soit le caractère problématique de sa pensée de l'inconditionnalité de l'hospitalité pour penser les politiques migratoires , son absence de considération pour un étranger qui n'aurait pas la capacité de transformer l'accueillant , ou encore la trop grande rapidité avec laquelle elle évacue les questions pratiques de l'hospitalité. Cet article n’a pas pour projet de déceler un aspect nouveau de la pensée de l’hospitalité du philosophe français. Il est à concevoir comme une étape dans le développement en cours, dans ma thèse, d’une problématisation philosophique du rapport entre bénévoles, travailleurs sociaux et demandeurs d’asile, à partir d’une enquête de terrain menée en France et en Allemagne entre novembre 2017 et décembre 2019. Cette problématisation s’inspire largement des travaux du phénoménologue allemand Bernhard Waldenfels, qui explore l’idée de « voisinage » comme troisième voie dans le rapport possible à l’étranger, entre nationalisme et cosmopolitisme . Conceptualiser le « voisinage », c’est explorer les modes d’attention pratique à l’étranger tel qu’il se présente, sans volonté de prescrire un comportement ou une « ouverture » particulière du sujet accueillant. Le voisinage nous indique d’ailleurs que le lieu est particulièrement important pour penser l’hospitalité, et qu’il compte autant qu’une volonté d’être hospitalier. Le lieu du voisinage n’est pas le lieu de l’État, ou en tous les cas pas seulement celui-ci ; au sein du voisinage, se crée du commun, par de l’attention réciproque qui ne pose pas seulement la question d’un séjour légal, d’un « accueil » étatique. Dans ce texte, il s’agira donc de se demander en quoi l’hospitalité de Derrida, notamment le balancement qu’il met en lumière entre la Loi inconditionnelle de l’hospitalité et les lois pratiques de l’hospitalité, nous aide à comprendre les relations de « voisinage » entre les demandeurs d’asile et les professionnels et bénévoles engagés dans le champ de l’asile, qui se réclament eux-mêmes d’une démarche hospitalière.

Domaines

Philosophie
Fichier principal
Vignette du fichier
cielam.univ-amu.fr-Derrida et Waldenfels Sur lhospitalité quelques réflexions.pdf (147.65 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03273619 , version 1 (29-06-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03273619 , version 1

Citer

Audran Aulanier. Derrida et Waldenfels. Sur l’hospitalité, quelques réflexions. Malice, le Magazine des Littératures et des Cultures à l'ère numérique , 2020, Derrida 2020 : frontières, bords, limites / Borders, Edges, Limits, 10. ⟨hal-03273619⟩

Collections

CNRS EHESS
70 Consultations
69 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More