Le « Penser par cas» balzacien. Une modélisation neuve pour l’analyse du présent
Résumé
Le travail balzacien fondé sur la « coordination » à la fois sur les plans micro- et macro- structurels paraît pouvoir être pensé, en termes épistémologiques, comme un modèle autre d’analyse qui engage un rapport neuf aux savoirs et aux discours sur le monde. Comme l’écrivait Julien Gracq, détaillant son expérience de lecteur de La Comédie humaine, « le tout ici ne commande pas à la partie, il vient colmater ses déficiences, instantanément ». Les études concernant La Comédie humaine, comme système – prévu mais inachevé, inabouti – ou comme ensemble fragmentaire et troué – une « mosaïque » – paraissent deux pôles récurrents, ancrés l’un et l’autre dans un présupposé identique : l’idée d’une cohérence démonstrative ou d’une composition traditionnelle qui devraient être fixées en commençant. Pourtant, il semble qu’on peut mettre en évidence un fonctionnement autre de la démarche balzacienne ainsi que son actualité dans le champ des sciences humaines. Afin de donner de ce qui me semble au fondement cette saisie et cette interrogation autres du réel par la représentation, il s’agit d’emblée de signaler trois éléments déterminants qui vont pouvoir engager, dans la première moitié du XIXe siècle, une approche différente du travail de la pensée et des logiques représentatives.