L’école comme un jeu zéro-sum entre filles et garçons : influence d’un contexte scolaire menaçant
Résumé
Selon certains auteurs, les filles et les garçons développent des attitudes différentes envers l'école (Warrington, Younger, & Williams, 2000) et celles-ci seraient partiellement responsables de la meilleure réussite scolaire des filles par rapport aux garçons. La présente recherche s'intéresse à des attitudes liées à la perception d'une compétition intergenre dans le contexte scolaire. Elle a pour objectif d'examiner dans quelle mesure les élèves pensent que la réussite scolaire des filles se fait au dépend de celle des garçons (et inversement), à travers leur adhésion aux croyances zéro-sum de genre (CZsG). Nous faisons l'hypothèse, en accord avec les effets de genre observés dans la littérature, que les garçons auront tendance à adhérer plus fortement que les filles aux CZsG. De plus, en nous appuyant sur l'effet du contexte mis en évidence par Wilkins, Wellman, Babbitt, Toosi et Schad (2015) sur les groupes de haut statut (e.g., les hommes), nous faisons également l'hypothèse que les garçons adhèreront plus fortement aux CZsG dans un contexte scolaire menaçant pour leur groupe par rapport à des contextes moins menaçants. Cette hypothèse a été testée en faisant varier, pour les filles et les garçons, le caractère menaçant du contexte scolaire. A l'aide de textes, un contexte fortement menaçant (l'exogroupe réussit scolairement mieux que l'endogroupe), peu menaçant (l'endogroupe réussit mieux que l'exogroupe) et une condition de contrôle (sans comparaison) ont été créés. Les résultats montrent qu'au collège (étude 1) les garçons, contrairement aux filles, adhèrent plus fortement aux CZsG dans un contexte scolaire menaçant pour leur groupe par rapport à des contextes moins menaçants, confirmant notre hypothèse. Au lycée (étude 2), un effet similaire du contexte apparait uniquement sur les croyances des filles tandis qu'à l'université (étude 3), le contexte influence les croyances de l'ensemble des étudiants, filles comme garçons. L'effet du contexte sur les CZsG semble donc dépendre du niveau d'études des participants. Nous discuterons ces résultats sur la base des recherches menées par Wilkins et al. (2015) qui indiquent une évolution de la hiérarchie de genre au fil du cursus scolaire avec une inversion de la hiérarchie de genre traditionnelle au lycée.