Exploration de la variabilité de la structure des tissus dentaires dans les populations humaines (sub)actuelles

Clément Zanolli (1) , Mona Le Luyer (1) , Patricia Balaresque (2) , Priscilla Bayle (1) , Rémi Esclassan (3) , Delphine Maret (4) , Frédéric Vaysse (2)

1 PACEA - De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie
2 AMIS - Anthropologie Moléculaire et Imagerie de Synthèse
3 UT3 - Université Toulouse III - Paul Sabatier
4 Faculté de chirurgie dentaire

En raison du degré de minéralisation de l’émail et de la dentine, les dents représentent le témoignage le plus abondant du registre fossile humain. Mais ce sont aussi de véritables "boites noires" préservant au sein de leur structure des informations biologiques uniques sur la vie d’un individu. L’émail et la dentine ont une origine embryonnaire différente mais partagent un programme de développement complémentaire. Chez les primates, la morphologie de la couronne et le patron de variation d'épaisseur de l'émail dentaire sont issus de 'compromis évolutifs' entre contraintes fonctionnelles et mécanismes de contrôle morphogénétique, où l’épaisseur de l’émail est un indicateur valable pour évaluer les adaptations liées au régime alimentaire et explorer les trajectoires d'histoire de vie. D’un autre côté, la surface de la jonction émail-dentine représente mieux la 'signature primitive', marqueur taxinomique pour retracer les relations phylogénétiques. Néanmoins, le degré de variabilité biologique chrono-géographiques (e.g., dimorphisme sexuel, tendances microévolutives, différences inter-populationnelles niveau intercontinental) et d’éco-sensibilité (en termes d’alimentation et d’environnement/climat) de la structure dentaire reste mal connu dans les populations humaines (sub)actuelles. Nous testons ici plusieurs hypothèses concernant l’influence de certains facteurs biologiques (e.g., sexe, histoire génétique) et abiotiques (e.g., géographie, latitude, altitude, climat) sur la variabilité de la structure des tissus dentaires humains. Ce travail préliminaire se focalisera surtout sur l’étude des molaires. L’échantillon considéré ici est essentiellement composé d’individus provenant d’Eurasie et d’Afrique, mais aussi de la Terre de Feu, ces derniers ayant expérimenté des conditions de vie en milieu extrême. Notre protocole analytique est basé sur l’étude de registres microtomographiques (quantification de l’épaisseur 3D de l'émail et étude par morphométrie géométrique de la jonction émail-dentine des molaires). Nos premiers résultats suggèrent que l’origine génétique et la latitude comptent parmi les paramètres qui influencent le plus les variations de la structure dentaire chez l’humain moderne.

Domaines: Paléontologie; Archéologie et Préhistoire; Anthropologie biologique

Clément Zanolli, Mona Le Luyer, Patricia Balaresque, Priscilla Bayle, Rémi Esclassan, et al.. Exploration de la variabilité de la structure des tissus dentaires dans les populations humaines (sub)actuelles. Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 2017. ⟨hal-03153992⟩