À l'usage des écoles - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2020

À l'usage des écoles

À l'usage des écoles

Résumé

Dès la fin du Moyen Âge, les réflexions pédagogiques des humanistes, les impératifs des réformes religieuses, le renforcement des administrations étatiques et la demande sociale d'éducation se combinent pour accélérer la densification de l'offre scolaire des villes et, dans une moindre mesure, des campagnes. Même si les transmissions familiales et le préceptorat restent importants, la multiplication des écoles proposant l'enseignement des rudiments (lire, écrire, compter) ou une formation humaniste complète, représente un marché en expansion pour les gens du livre. À Zurich au XVI e siècle, l'édition de manuels représente un huitième de la production totale de livres. L'ensemble des livres d'école n'a pas la cohérence qu'on lui connaît aujourd'hui. Les enfants manipulent souvent des textes qui n'ont pas été pensés pour eux, ni dans leur fond ni dans leur forme. Les supports des premières lectures se confondent souvent avec ceux de la piété quotidienne (petites Heures, livrets pieux), dont il faut inculquer au plus jeune âge les mots et les gestes. À l'inverse, ces livres servent parfois à l'autodidaxie des adultes : la page de titre d'un Libretto di abaco (Venise, F. Bindoni & M. Pasini, 1526) précise qu'il est « très utile à chacun pour apprendre [à compter] par soi-même sans maître ». Cette diversité n'empêche pas les acteurs d'y reconnaître une catégorie pratique-celle des « livres de classe » ou des « livres que les enfants apportent à l'école ». Deux ensembles se dégagent-d'une part les instruments de l'alphabétisation, abécédaires et civilités ; de l'autre ceux des humanités, petits classiques, grammaires et dictionnaires-dont les enjeux sont en partie communs. Dès les années 1520, les livres scolaires enrôlés dans les réformes religieuses participent à la confessionnalisation des populations enfantines. Pour assurer une production massive et peu onéreuse, certains États font le choix de les placer sous le régime du privilège, d'autres de leur conférer un statut de « communs ». Malgré leur mauvaise réputation, leur conservatisme pédagogique et leur facture grossière, ces ouvrages témoignent de la manière dont maîtres et libraires ont adapté l'architecture de la page imprimée aux usages des classes. Enfin, ces livres constituent une des voies pour approcher les pratiques juvéniles de l'imprimé. Contrairement aux lectures adultes, elles se déroulent le plus souvent dans un cadre collectif, réglé, dont l'un des enjeux est d'apprendre aux enfants à lire avec profit. Pour reconstruire ces manières de lire, il faut mobiliser les sources normatives (traités pédagogiques, règlements scolaires), les écrits privés (correspondances entre parents et enfants), les cahiers d'écoliers et les traces laissées sur les pages. Tablettes et abécédaires Apprendre à lire dans les livres Les instruments de la première alphabétisation sont similaires dans toute l'Europe occidentale. Attesté avant l'invention de l'imprimerie, le plus élémentaire est un simple feuillet collé ou cloué sur une planchette munie d'un manche : l'enfant y apprend l'alphabet, les syllabes et, selon l'espace disponible, le Notre Père. Le hornbook anglais ou la tavola

Mots clés

Domaines

Histoire
Fichier principal
Vignette du fichier
Chapron_A l'usage des écoles.pdf (184.01 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03141160 , version 1 (10-03-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03141160 , version 1

Citer

Emmanuelle Chapron. À l'usage des écoles. Eric Suire. Le monde de l'imprimé en Europe occidentale (vers 1480-vers 1680), Armand Colin, pp.220-230, 2020. ⟨hal-03141160⟩
31 Consultations
47 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More