“J’ai foutu les sociétés par la fenêtre”. Entre sociétés savantes, université et Cnrs, une redéfinition des formes collectives de l’activité en archéologie préhistorique. Le cas du Groupe international de recherches typologiques
Résumé
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les procédures d'analyse mathématisées ou formalisées ont fait l'objet d'un développement et d'une diffusion accrues. La « Typologie analytique », proposée par Georges Laplace à partir de la fin des années 1950, participe de cette tendance. Tout d'abord élaboration personnelle, cet ensemble de procédures analytiques est rapidement diffusé et adopté par d'autres chercheurs, en particulier en Italie, Espagne et France. Se forme ainsi un collectif scientifique, le « Groupe International de Recherches Typologiques ». De 1969 à 1989 un séminaire annuel est tenu et, parallèlement paraissent les périodiques Dialektikê. Cahiers de typologie analytique (1972–1987) et Archivio di Tipologia Analitica (1973–1993). Ce cas nous permettra d'aborder deux ensembles de problèmes. Le premier concerne les moyens de définition, de description et d'analyse d'un « groupe scientifique » : nous présenterons une solution analytique où le groupe est envisagé comme la somme des parcours individuels des acteurs. Nous insisterons notamment sur les difficultés liées à la nature des sources disponibles pour reconstituer ces parcours. Ces résultats permettent de caractériser la composition et l'évolution de ce groupe, qui constitue une forme organisationnelle atypique dans un contexte marqué par l'accentuation du processus de professionnalisation en archéologie et par la structuration des institutions de recherche au niveau national.