De Matamore à Dom Gormas et au Cid : avatars de la parole héroïque - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Champs du signe Année : 2002

De Matamore à Dom Gormas et au Cid : avatars de la parole héroïque

Résumé

De Matamore à Dom Gormas et au Cid : avatars de la parole "héroïque" Que signifie pour un héros de parler de ses actes ? Voilà une question qui est bien une question de théâtre-le théâtre art de la parole, représentation de la vie par ce qui s'y dit, substitution du plan du langage au plan de l'action. Si au théâtre chacun ne peut être et faire pratiquement que par ce qu'il dit, le "héros", celui qui s'est rendu auteur d'actes héroïques, s'y trouve réduit à une condition paradoxale. N'y at -il pas contradiction, en effet,-contradiction fondamentale dans notre difficulté à prendre la décision d'agir, et à anticiper la valeur de nos actes-entre ces deux aspects de notre condition dans le monde : notre capacité à agir et notre capacité à parler ? Cette question, nous l'examinerons chez Corneille, à propos d'un moment assez particulier de sa carrière : celui où, après avoir produit une série de comédies à succès, comédies dans lesquelles un flot brillant et continu de paroles accompagnait une action à la thématique attendue, il se hasarde à soumettre quelques personnages à la nécessité, dans une même pièce, d'agir et de parler 1. Cette question, c'est aussi celle qui fondait en partie un très grand roman antérieur de quelques décennies aux débuts de Corneille : le Don Quichotte de Cervantès. Indiscutablement, il s'agit d'une question à forte signification culturelle : elle revient à s'interroger sur le rôle de la parole dans des sociétés latines soumises à une pression sociale de type aristocratique : sociétés espagnole, italienne et française. On sait que le personnage de Matamore, loin d'être une création originale de Corneille, s'annonçait au contraire clairement au spectateur sous les traits du stéréotype, particulièrement de stéréotype théâtral. Ses antécédents espagnols et italiens ont été relevés et abondamment commentés 2. Apparemment, la présence d'un fanfaron dans une comédie était, dans ce début de XVIIe siècle, plus qu'une habitude, presque un passage obligé 3. Dans Mélite, Corneille s'était fait fort de n'avoir pas recouru, précisément, à ces personnages caricaturaux qui faisaient le succès du genre : "On n'avait jamais vu jusque-là que la Comédie fît rire sans Personnages ridicules, tels que les Valets bouffons, les Parasites, les Capitans, les Docteurs, etc." 4 A première vue, par conséquent, la présence de Matamore dans L'Illusion comique peut apparaître clairement comme une concession au goût du jour. On peut même y voir une manière de défaut, tant le rattachement de ce personnage à la conduite générale de l'action est vague, sa présence parfois inexpliquée (finissant même par devenir carrément et comiquement inopportune aux autres personnages),-au point qu'il semble venir d'une autre pièce. Peut-être Corneille at -il voulu, en s'assurant de cet élément de comique prévisible et banalisé, contrebalancer le risque pris par "l'invention
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Citer

Gilles Siouffi. De Matamore à Dom Gormas et au Cid : avatars de la parole héroïque. Champs du signe, 2002. ⟨hal-03124660⟩
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