2000 ans d’agriculture en Roussillon. Productions végétales, pratiques et terroirs protohistoriques, antiques et médiévaux
Résumé
Throughout its history, the Roussillon plain (Pyrénées-Orientales, France) has occupied a position
at the crossroads of various cultural and economic influences, between the Mediterranean world,
the Iberian Peninsula and southern Gaul, on one hand, and between the communities of the
mountains and those of the plain, on the other hand. In this respect, it represents a privileged
observation site for understanding the circulation of agricultural products and techniques, and
their integration to the protohistoric, ancient and medieval societies of this part of the northwestern
Mediterranean.
Although the region appeared to be largely lacking in data on agrarian archaeology,
archaeobotanical studies carried out on 41 plain and mountain sites allowed presenting a first
diachronic synthesis on exploited species, agro-horticultural practices, valued terroirs and their
evolution over the long term (500 BC - 1500 AD). Thanks to these studies, 41 cultivated/exploited
plants and nearly 268 wild plants were identified, making it possible to characterize past
agricultural diversity, to restore agrarian practices (operating chains) and exploited landscapes
(fields, grasslands, wetland margins, garrigues, etc.), to characterize the impact of different
populations, particularly Roman populations (agricultural specialization), on agricultural systems
and, finally, to highlight the circulation or introduction of exotic species (e. g. cypress). After a
discussion on the evolution of lowland and foothills crop production between the Iron Age and
the Middle Ages, the obtained data were compared with those of neighbouring Mediterranean
lowlands (Mediterranean France, South-Pyrenean Catalonia).
La plaine du Roussillon (Pyrénées-Orientales, France) occupe tout au long de son histoire
une position au carrefour d’influences culturelles et économiques diverses, entre le monde
méditerranéen, la péninsule Ibérique et la Gaule méridionale, d’une part, et entre les
communautés de la montagne et celles de la plaine, d’autre part. En cela, elle représente un
site d’observation privilégié pour appréhender la circulation des produits et des techniques
agricoles, et leur intégration dans les sociétés protohistoriques, antiques et médiévales de cette
partie de la Méditerranée nord-occidentale.
Si la région apparaissait comme largement déficitaire en données concernant l’archéologie
agraire, les études archéobotaniques menées sur quarante-et-un sites de plaine et de montagne
ont permis de présenter une première synthèse diachronique sur les espèces exploitées, les
pratiques agro-horticoles, les terroirs valorisés et leur évolution dans la longue durée (500 av.
J.-C. - 1500 ap. J.-C.). Par ces études, 41 plantes cultivées/exploitées et près de 268 plantes
sauvages ont été mises en évidence, permettant de caractériser la diversité agricole passée, de
restituer les pratiques agraires (chaînes opératoires) et les paysages exploités (champs, prairies,
marges de zones humides, garrigues, etc.), de caractériser l’impact des différentes populations,
notamment romaines (spécialisation agricole), sur les systèmes agraires et, enfin, de mettre en
évidence la circulation voire l’introduction d’espèces exotiques (par ex. le cyprès). Après une
discussion sur l’évolution des productions végétales de plaine et de piémonts entre l’âge du Fer
et le Moyen Âge, les données obtenues ont été comparées à celles des plaines méditerranéennes
voisines (France méditerranéenne, Catalogne sud-pyrénéenne).