Le veganisme est un millénarisme
Résumé
Selon Clément Rosset, le « principe d’incertitude » né du fait qu’on ne puisse affirmer une vérité. Les penseurs éclairent le monde au prisme de leurs idées, de leurs concepts, cependant leurs propos coexistent de manière tout à fait antagoniste. Aujourd’hui nos manières d’agir, de penser et de sentir relatives à l’animal reflètent bien un antagonisme multiple. Prenons simplement deux discours contradictoires et inconciliables à l’endroit des animaux. L’animal comme objet du consumérisme, dont la chair exsangue est débitée, embarquée, distribuée, achetée, consommée, gaspillée, et l’animal comme sujet de droit et de compassion. Cet antagonisme découle du fait que l’incertain est notre nature. Le veganisme en quelques mots consiste pour les « adeptes » ou militants de s’abroger de toute domination de l’homme sur les animaux. Il s’instaure comme un mode de vie, ascétique et salvateur et dans son idéal le plus « mystique » et « révolutionnaire » en appel au « grand soir » qui mènera ceux qui « savent » vers un monde meilleur. Le monde que nous connaissons, violent et morbide serait déjà en train de mourir et cesserait bientôt. Au sortir de ce cauchemar alors il y aura la lumière de l’à-venir, éclatant, transparent dans lequel, aux dires des croyants (et comme d’autres avant eux), « le loup dormira avec l’agneau ». Notre propos consistera donc à comprendre le veganisme comme un millénarisme contemporain et la manière dont il s'exprime dans l'expérience collective.