Le Dictionnaire françois face à la compétence des locuteurs - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue L'information grammaticale Année : 2007

Le Dictionnaire françois face à la compétence des locuteurs

Résumé

Cette contribution se propose de lire le projet du Dictionnaire françois dans la continuité de l’appel au sentiment du locuteur qui s’est fait jour dans les publications sur la langue depuis la parution des Remarques de Vaugelas en 1647. Face aux spécificités affichées par les entreprises de l’Académie et de Furetière, il nous a semblé qu’il était entré dans l’intention de Richelet de solliciter davantage l’autorité des locuteurs, qu’il s’agisse de locuteurs individuels (" maîtres de la langue ") ou de locuteurs collectifs (métiers, milieux, etc.). Après avoir replacé la parution du Dictionnaire françois dans le contexte d’une montée du rôle de l’individu et de la subjectivité dans les questions de langue depuis les années 1630, nous posons ici la question du rapport entre cet appel à l’expertise individuelle et la mise en place de la notion générale d’usage. Ce conflit, croyons-nous est au cœur des polémiques qui entourèrent bien des recueils de remarques de l’époque, ainsi que des difficultés que rencontrèrent les entreprises de dictionnaire pour s’imposer. Nous nous demandons ensuite si cet appel à la compétence du locuteur est majoritairement technique, dans le Dictionnaire françois, autrement dit s’il " instancie " le locuteur, ou s’il laisse le champ ouvert à l’approche subjective. Ce débat est important à un moment où les théories de l’ " honnêteté " ont tendance à s’opposer à la montée des connaissances techniques en matière de langue. La question de la subjectivité est examinée sous deux aspects : tout d’abord au travers de l’inscription dans le dictionnaire du " ressenti " des mots (prononciation, choix lexicaux, etc), ensuite dans le rapport du Dictionnaire françois aux " rafineurs ", autrement dit à ceux qui investissent de façon excessive et normative le champ de la subjectivité. Enfin, nous terminons par un regard porté sur le célèbre article " Stile ", envisagé moins comme une redéfinition du littéraire que comme la manifestation d’un infléchissement dans le rapport à la langue. De manière paradoxale dans un dictionnaire, celui-ci a en effet tendance à donner une importance plus grande aux phénomènes de discours (cf. Lamy), si bien qu’un regard global sur la langue n’est plus incompatible avec la prise en compte d’idiosyncrasies discursives. Au total, nous nous proposons ici de voir dans le Dictionnaire françois un jalon important dans le développement futur, au tournant du siècle, d’un " goût de la langue " propre à renouveler la théorie du bon usage.

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03061819 , version 1 (14-12-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03061819 , version 1

Citer

Gilles Siouffi. Le Dictionnaire françois face à la compétence des locuteurs. L'information grammaticale, 2007, 114 (juin), pp.11-19. ⟨hal-03061819⟩
11 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More