Géographie de l’environnement - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue L'Espace Politique Année : 2007

Géographie de l’environnement

Résumé

Le présent article propose de poser des jalons de réflexions pour construire une géographie politique de l’environnement. Depuis qu’elle est constituée en école nationale, la géographie française n’a jamais vraiment réussi à considérer la question environnementale, fondamentalement politique, comme faisant ontologiquement corps avec son champ d’intervention. Malgré les enjeux contemporains environnementaux, elle continue de le faire. D’abord parce qu’elle n’a pas définitivement abandonné l’idée selon laquelle le retrait de la discipline vis-à-vis de l’environnement viendrait de sa capacité spécifique de distanciation objectivante. Ensuite parce qu’elle n’arrive pas à capitaliser un savoir propre sur l’environnement alors que d’autres disciplines, comme la biologie, ont trouvé une visibilité nouvelle par ce biais. Quand bien même les géographes s’intéressent à cette question, ils laissent trop souvent de côté les réflexions sur les politiques de la nature et sur les tensions heuristiques nature/culture pour rester dans une vision en phase avec le corpus historique de la discipline. Pourtant, post-déterminisme et globalisation imposent une révision en profondeur des schémas épistémologiques de la discipline. La conservation de la biodiversité comme zone d’expérimentation de nouveaux paradigmes et l’apparition contraignante d’un nouvel espace d’action cosmopolitique illustrent très bien cette nécessité. Parce que la conservation a longtemps matérialisé des positions opposées de l’écologie et de la géographie dans leurs façons de gérer l’espace et leurs liens au politique, les géographes n’ont que très peu étudié ce domaine d’activité. Il est pourtant historiquement traversé par des phénomènes proprement géographiques. Désormais inscrite dans les politiques de développement, la conservation se « transnationalise » et se localise simultanément. Déplacée d’une enclave naturelle vers une arène politique, elle peut aussi être envisagée comme un lieu d’expérimentation d’une nouvelle façon d’habiter le monde, à la fois postnaturelle et post-nationale. De façon concomitante, les processus de mondialisation, les questions de changements globaux, imposent un nouvel univers conceptuel fait de disjonctions, d’hybridation, d’interdépendances et d’interrelations. Un nouveau champ d’expériences et de responsabilités globales et individuelles est ouvert. Ces nouveaux espaces d’action, dépassant l’État-nation et le clivage nature/culture requièrent un tournant épistémologique. Ce pourrait être celui d’une nouvelle géographie politique de l’environnement, une géographie cosmopolitique.
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Dates et versions

hal-03061684 , version 1 (14-12-2020)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-03061684 , version 1

Citer

Estienne Rodary, Denis Chartier. Géographie de l’environnement : écologie politique et cosmopolitiques. L'Espace Politique, 2007, 1 (1), pp.37-46. ⟨hal-03061684⟩
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