Étude géohistorique du risque de naufrage comme révélateur des sociétés littorales : l'exemple des côtes roussillonnaises, 1740-1790 - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Physio-Géo - Géographie Physique et Environnement Année : 2019

A geohistoric study of the risk of sinking as an indicator of coastal societies : the example of the coasts of the Roussillon region, 1740-1790

Étude géohistorique du risque de naufrage comme révélateur des sociétés littorales : l'exemple des côtes roussillonnaises, 1740-1790

Léa Tavenne

Résumé

Through the lens of a risk, shipwrecks, this geohistoric approach brings one to think about the space of coastal societies through the example of the French region, Roussillon, in the 18th century. At a time when the wind remains the only driving energy, shipwrecks represent true risks for sailors. The fear, which generates a real risk culture, is passed on through oral stories and the experiences of the men of the sea. However, while the risk of sinking is a fear, it is also a kind of opportunity for the coastal communities at the 18th century. Witnesses of the shipwrecks, the people living on the shore are then called to pick up and store the debris and the shipment of sunken boats. These operations can last weeks and mobilize the communities thus creating a money income lasting a difficult winter season. The members of the communities on the coastline then participate to auctions for the debris and shipments, as buyers or spectators, which generates profits for many actors. From the sinking risk, a sort of economy of the wreck arises. Nonetheless, as all economies do, this economy has a hidden side. Debris and shipment stealing, which seem to be frequent during shipwrecks, help to highlight the links between and among coastal communities. Shipwrecks thus help to understand the importance of the coastal environment, as well as the risks it implies, in the very structure of the coastal societies.
Par le biais d'un risque, celui de naufrage, cette approche géohistorique amène à penser les sociétés littorales à travers l'exemple du Roussillon au XVIIIème siècle. Les naufrages sont, à une époque où le vent est encore la seule énergie motrice, de véritables risques pour les navigants. Cette peur, génératrice d'une véritable culture du risque, est transmise à l'oral et à travers les expériences des hommes de mer. Mais si le risque de naufrage est une crainte, il est également, au XVIIIème siècle, une sorte d'aubaine pour les communautés littorales. Témoins des naufrages, les habitants des côtes sont ensuite réquisitionnés pour ramasser et entreposer les débris et les cargaisons des bâtiments naufragés. Ces opérations de sauvements peuvent durer des semaines et mobilisent les communautés, générant ainsi une rentrée d'argent durant une période hivernale compliquée. Les habitants des communautés du bord de mer participent ensuite, en tant qu'acheteurs ou spectateurs, aux ventes aux enchères des débris et cargaisons ramassés. L'accueil des naufragés, les journées de sauvement et les ventes aux enchères sont génératrices de profits pour de nombreux acteurs. Le risque de naufrage est à l'origine d'une sorte d'économie de l'épave. Mais cette économie a, comme toute économie, une face cachée. Les vols des débris ou des cargaisons, qui semblent être fréquents lors des naufrages, permettent la mise en lumière des liens intra- et inter-communautés littorales. Le naufrage permet alors de comprendre l'importance de l'environnement côtier, et des risques qu'il implique, dans la structure même des sociétés littorales.

Dates et versions

hal-03054012 , version 1 (11-12-2020)

Identifiants

Citer

Léa Tavenne. Étude géohistorique du risque de naufrage comme révélateur des sociétés littorales : l'exemple des côtes roussillonnaises, 1740-1790. Physio-Géo - Géographie Physique et Environnement, 2019, Volume 14, pp.253-275. ⟨10.4000/physio-geo.9378⟩. ⟨hal-03054012⟩
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