La valorisation et la médiatisation du patrimoine bâti par l’image numérique, la restitution des châteaux japonais - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2018

La valorisation et la médiatisation du patrimoine bâti par l’image numérique, la restitution des châteaux japonais

Résumé

L’image, par son pouvoir de communication et de séduction universel, est aujourd’hui largement utilisée dans la valorisation et la médiatisation du patrimoine bâti des villes contemporaines du monde entier. Depuis la fin du XXe siècle, les technologies du numérique ont pris le pas sur les techniques traditionnelles, et les TIC: Technologies de l’Information et de la Communication, Jōhō tsūshin gijutsu en japonais, documentent et représentent le patrimoine architectural. Celles-ci prennent diverses formes comme des bases de données, photographies, images de synthèse, relevés 2D et 3D, maquettes numériques… Elles permettent de produire des images qui servent à la fois à la préservation (les relevés 3D sont des archives numériques), à la valorisation et à la restitution du patrimoine bâti. D’une grande technicité de fabrication, elles sont souvent à destination du grand public et proposent de nouveaux « espaces culturels de représentation » (FEVRES 2012 : 471). La restitution, saigen en japonais , est un terme utilisé ici en référence à la définition qu’en donne l’architecte et chercheur Jean-Claude Golvin. Selon lui « restituer ne sera pas seulement rétablir la forme d’origine d’un monument mais, d’une manière générale, le contexte complet (historique et urbain) au sein duquel il existait » (GOLVIN 2005 : 59). Selon lui, l’image de restitution porte en elle un double sens. L’image est d’abord le média par lequel la restitution est transmise mais la restitution transmet également une image, celle d’un bâtiment oublié, d’un site disparu. Les châteaux, qui cristallisent en eux l’image d’un japon médiéval et pré-moderne parfois fantasmé, sont propices à la restitution. Si les donjons et les ouvrages de fortifications ont davantage survécu aux affres du temps, ils ne représentent qu’une infime partie de la superficie totale d’un château. De somptueuses résidences de style shoin-zukuri, des jardins paysagers ou encore des casernes destinées à l’artillerie et aux gardes étaient dressés à l’intérieur des remparts. C’est un patrimoine bâti exceptionnel qui a aujourd’hui disparu. Ces dernières années, de nombreux projets de restitutions numériques ont vu le jour au Japon, et l’intérêt du public et des institutions grandit de plus en plus pour ces techniques de représentation. On observe une recrudescence d’applications pour tablettes et smartphones permettant d’expérimenter la réalité augmentée, avec notamment les châteaux de Himeji, Hagi, Azuchi, Nagoya ou encore Ueda. Certains sites proposent par ailleurs la diffusion d’images animées sur écrans, montrant l’aspect du château à son apogée (Kanazawa, Miyazu). D’autres encore mettent en ligne des sites web qui diffusent des images fixes et animées de la restitution numérique (Kanazawa, Takatori, Kôriyama). Les revues historiques publient également de nombreuses images numériques pour illustrer leurs propos . Au Japon, l’utilisation du numérique dans la représentation architecturale s’est opérée, comme en France, dès la fin des années 1960. L’utilisation des TIC dans le cadre patrimonial s’est faite plus tard, au début des années 1990 . Pour désigner l’usage des TIC dans le cadre patrimonial et culturel, on parle aujourd’hui internationalement de digital heritage, dejitaru heritēji. Le Japon est arrivé assez tardivement dans le domaine des humanités numériques (KATŌ 2014 : 21-27), et ce n’est qu’à partir de 2010 qu’une politique nationale est mise en place avec la création de la Society for Digital Heritage, Ippan zaidan hôjin dejitaru bunkazai sōshutsu kikō (SOCIETY FOR DIGITAL HERITAGE 2016 : 207). L’enjeu est majeur car la culture participe du soft power d’une nation et possède donc un pouvoir économique certain. Nous proposons à travers cet article une lecture de la restitution numérique des châteaux, à travers les trois éléments constitutifs d’une image : la forme, le fond et le médium, afin de déterminer les caractéristiques et les enjeux de cette pratique.
Fichier principal
Vignette du fichier
39-Vomscheid-JP12.pdf (739.69 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...

Dates et versions

hal-02969663 , version 1 (17-10-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02969663 , version 1

Citer

Delphine Vomscheid. La valorisation et la médiatisation du patrimoine bâti par l’image numérique, la restitution des châteaux japonais. Japon Pluriel 12, Actes du 12e colloque de la Société Française d’Études Japonaises, Éditions Philippe Picquier, pp.513-523, 2018, 9782809713939. ⟨hal-02969663⟩
367 Consultations
184 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More