« Des coups de marteau dans la langue des dieux : mettre en vers le technolecte en un siècle positiviste »
Résumé
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’un des débats les plus vifs au sujet de la possibilité d’une poésie de la science concerne l’insertion des termes technique dans le vers. Alors que la poésie est subjective, le terme technique est par définition monosémique et impersonnel. De plus, les néologismes scientifiques sont des mots longs aux sonorités jugées barbares. Toutefois, certains poètes appellent de leurs vœux l’union de ces deux éléments en alléguant surtout le droit à la justesse poétique : le poète veut nommer adéquatement les choses qu’il chante, tout particulièrement en ce siècle marqué par l’aspiration empiriste. Cette étude vise à mettre au jour les difficultés pratiques d’une telle union par le biais d’analyses de détails du corpus poétique et de grands textes critiques. Si la majorité des poètes remarque bien les difficultés d’un tel transfert lexical, force est de constater que la production de la seconde moitié du siècle, sous l’ère écrasante de la pensée positiviste, cherche à nommer justement mais aussi à jouer – voire à jouir – de ces sonorités nouvelles.