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N°Spécial De Revue/Special Issue Proteus-Cahiers des théories de l'art Année : 2017

(Re)montages du temps en art

Résumé

Longtemps, les relations de l’art au temps se sont pensées au gré de systèmes de pensée : Winckelmann préconisait une création artistique respectueuse d’un modèle idéal passé, Hegel a insisté au contraire sur la manière dont l’art reflétait l’esprit de son époque, Nietzsche valorisait l’art intempestif, en rupture avec la tradition historiciste, Wilde et Saint-Simon pensaient chacun à leur façon que l’art préfigurait l’avenir. Mais le grand changement concerne tout autant la pensée de l’art que la pensée du temps et de l’histoire. Même si les télescopes permettent depuis déjà plusieurs siècles d’observer – grâce à la vitesse non infinie de la lumière – des événements qui se sont produits il y a bien longtemps, il a fallu patienter longtemps avant que ce phénomène physique trouve son pendant dans la pensée disciplinaire de l’histoire : la difficulté dans la démarche de l’historien n’est pas tant de trouver les bons documents que de comprendre ce qu’ils documentent. Plus fondamentalement, ne pourrait-on pas étendre la remarque de Nelson Goodman au document et dire que ce dernier, comme l’œuvre d’art, ne se définit pas par des qualités intrinsèques, mais par la manière dont il est amené à fonctionner ? La proximité actuelle entre le champ sensible artistique et le champ scientifique historien incite en tout cas à étudier la manière dont tant d’artistes contemporains s’intéressent aux documents et aux archives afin de les implémenter d’une façon inédite, et de mettre ainsi en lumière une histoire qui n’avait pas été racontée en ces termes. Par cette démarche, il nous a semblé que les artistes (re)montaient véritablement le temps et que la « pulsion de remontage » qui les anime était soumise à une oscillation pendulaire allant de la volonté de découvrir des strates temporelles enfouies – sans projection liée à un contexte présent – au désir de ressaisir interprétativement le passé – à l’aune de l’urgence du présent. À l’image d’un horloger qui répare une montre, ces artistes assemblent des pièces oubliées, ou mal mises, pour s’approcher d’une justesse. Toutefois, contrairement à l’horloger qui a une juste convention de la seconde et de l’heure, il n’y a pas – ou malheureusement devrions-nous dire « il ne devrait pas y avoir » – de convention de l’histoire. Ainsi, les articles du présent numéro de la revue Proteus analysent les répercussions artistiques et politiques du fait que le passé dont les archives sont censées rendre compte reste à interpréter. En mettant à l’épreuve les récits constitués, les imaginaires institués et les lectures historiques admises, les remontages temporels interrogés dans ce dossier induisent des formulations inédites du temps, d’un temps à venir encore en formation. Le passé ressemble à un ensemble de rushes en attente d’être montés et remontés, indéfiniment.
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Dates et versions

hal-02952101 , version 1 (29-09-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02952101 , version 1

Citer

Judith Michalet, Bruno Trentini. (Re)montages du temps en art. Proteus-Cahiers des théories de l'art, 12, 2017. ⟨hal-02952101⟩
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