Susan Sontag et l'avant-garde : une voix radicale ?
Résumé
En 1993, Susan Sontag quitte New York pour s'installer dans Sarajevo assié-gée et monter En Attendant Godot, situant pour un temps son engagement politique dans cette création artistique qui fit du texte de Beckett un écho au siège de cette capitale multi-ethnique à bout de souffle. Sontag explique dans "Waiting for Godot in Sarajevo" 1 son souhait d'offrir à la ville assiégée un spectacle théâtral exigeant, où Beckett était le représentant d'une tradition du théâtre moderniste dont l'esthétique pouvait servir un propos politique, celui de suggérer que la création artistique peut constituer un engagement politique fort. Cette mise en scène correspondait à une prise de position poli-tique autant qu'esthétique, une prise d'armes théâtrales en guise de discours journalistique ou politique. Cet épisode marque un moment très important de la vie de Susan Sontag dont la carrière fut construite autour des croise-ments entre critique et pratique artistique d'un côté et engagement politique de l'autre, une position qui permet d'interroger son rapport à la notion de radicalité. En effet, Sontag est une intellectuelle engagée qui situe son action autant dans la création et la critique culturelle que dans l'engagement directement politique. Son investissement en faveur de créations d'avant-garde permet de penser cette double vision de l'engagement, à la croisée entre esthétique et politique et à travers le prisme de la notion de radicalité.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte