Collection et anthologie : du Cabinet des fées à la Bibliothèque des génies et des fées
Résumé
A partir du milieu du XVIIIe siècle, le « cabinet », qui s’oppose à la bibliothèque, correspond à une collection qu’on va lire dans l’espace privé. Il doit satisfaire la curiosité des gens de goût, qui appartiennent à une société noble ou bourgeoise en quête d’ascension sociale, et aussi former des jeunes gens qui trouveront une forme d’éducation dans la moralité qui se dégage des histoires : l’anthologie ne perd pas de vue la transmission de normes. Cette collection, comparée à une galerie de tableaux, vise donc une certaine exhaustivité en rassemblant les contes de fées littéraires de manière historique (depuis leur origine qu’on fait remonter à Perrault puis aux conteuses comme Mme d’Aulnoy), sans s’interdire quelques regroupements thématiques. Des notices sur les auteurs sont développées en un volume qui suit les contes. Certes la collection, qui hiérarchise les auteurs selon des critères très subjectifs, présente des lacunes assumées en raison de l’immoralité des contes parodiques et libertins. Mais elle a le mérite de constituer un « musée » dans la mesure où elle met en valeur des auteurs déjà enfouis dans l’oubli en raison de la fragilité des supports, tout en pariant sur le succès d’un genre qu’elle veut valoriser pour les années à venir. L’illustration de Marillier, qui donne de l’unité à un corpus très divers, contribue au travail d’uniformisation et de mise en cohérence d’un genre qu’on avait tendance à considérer comme mineur, et dont l’abondance est ainsi mise en lumière.
Domaines
Littératures
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
