Lesches (Seine-et-Marne), Les Prés du Refuge : occupations humaines en abord des marais de Lesches
Résumé
Les principaux résultats concernant la fouille de Lesches "les Prés du refuge" sont multiples. Ils concernent l'occupation humaine toutes périodes confondues en abord du marais formé dans l'ancien cours du Grand Morin. Les études environnementales complètent celles entreprises lors de la réalisation de l'interconnection des TGV. Elles portent sur l'anthropisation du milieu, notamment en abord direct des sites, sur la couverture végétale et sur la dynamique sédimentaire. Du point de vue archéologique, hormis le Paléolithique, le Néolithique ancien et récent, toutes les périodes sont attestées sur les 5 hectares étudiés dont des apports inédits en vallée de Marne. Le premier témoignage aborde l'occupation de l'abord du marais par les Mésolithiques, illustrée par la présence d'un amas de silex. Viennent ensuite les occupations néolithiques. La première au Néolithique moyen a laissé des vestiges diffus dont un fragment de statuette en terre cuite. Elle est complétée par une fosse dont le matériel est à rapprocher de l'enceinte néolithique de Vignely "La Noue Fenard" distante de moins d'un kilomètre. La présence de concentrations de matériel du néolithique final et de deux amas dont l'un est assurément à rapprocher de cette période est l'apport majeur du site et constitue un des sites de référence du Bassin parisien. Une sépulture double datée par radiocarbone de cette période représente un autre témoignage inédit. Un vase campaniforme isolé et de grande dimension a été découvert dans le comblement sommital d'une fosse stérile. Bien connus en Allemagne, ce vase est à rapprocher des gobelets géants de la phase tardive du Cordé, contemporaine de la fin du Campaniforme.
Une occupation domestique de la fin du Bronze ancien ou du début du Bronze moyen est représentée par deux ensembles de trous de poteau, dont l'un montre un plan de bâtiment en abside cohérent. Plusieurs fosses attenantes, dont une polylobée, ont conservé un rare mobilier caractéristique confirmé pour l'une d'entre elle par une datation radiocarbone.
La phase finale du Bronze est attestée par quelques éléments céramiques diffus, mais aussi par la présence d'un monument funéraire circulaire accompagné par des structures cendreuses stériles (dont une centrée par rapport à l'enclos).
Une installation gauloise représentée par des petits bâtiments sur poteaux, un chapelet de fosses, un mobilier peu abondant, atteste d'une occupation périphérique.
La parcelle étudiée a été drainée par un réseau de fossés gallo-romains. Là aussi, il s'agit d'une occupation agro-pastorale confirmée par la faiblesse numérique des vestiges rencontrés. Enfin, il ressort de l'étude historique des marais une exploitation hallieutique intensive (pêcheries), de la pâture et l'exploitation de végétaux propres aux marais.