Changis-sur-Marne (Seine-et-Marne), Les Pétreaux : Habitats du Bronze final et de La Tène D. Secteur 9 : rapport de fouilles
Résumé
Le site de Changis-sur-Marne "Les Pétreaux" est situé dans le nord du département de Seine-et-Marne, à 13 km de Meaux et à environ 10 km à l'ouest de La Ferté-sous-Jouarre, sur la rive droite de la basse vallée de la Marne.
Le bilan actif de cette 9e campagne de fouille est spatialement et chronologiquement vaste en dépit de la structuration de moins en moins dense des occupations humaines de cette aire.
Correspondant quantitativement aux prévisions élaborées pour l'habitat et la zone de nécropole lors de l'évaluation du potentiel restant de la Carrière en 1999, 10,6 ha ont été suivis, testés et fouillés dans leur intégralité ; une évaluation de la zone d'extension vers la Marne, tant géomorphologique qu'archéologique, ouvre un nouveau chapitre de la recherche en abordant les zones inondables du site et l'accès à la rivière des populations pré et protohistoriques des Pétreaux et en élargissant la compréhension des implantations par la restitution du paysage par les études paléo-environnementales qui en découlent.
Bien que marqué par de nombreux leurres naturels et malgré un déficit patent en mobilier, toutes périodes confondues, le gisement a révélé plusieurs occupations différentes de diverses importances :
- un ensemble funéraire du Néolithique moyen II composé de trois inhumations à deux individus dont l'une sous dalle de grès ;
- une petite fosse du Bronze ancien ;
- la découverte de l'amenuisement de la concentration majeure peu perturbée du Bronze final (Ha B et C) qui s'étend désormais sur environ un peu plus de 3 ha. Ce sont, l'absence, en rebord de terrasse ancienne, de nouvel indice, même très érodé, signalant un nouveau noyau de la nécropole à incinérations du Bronze final ; un ensemble structuré de trois fragments de palissade attribué au Bronze final et une fosse RSFO ; une construction très érodée accompagnée d'au moins un "grenier" annexe, d'une zone, de quelques fosses et de trois silos du Ha B2 ubiquiste ; quelques fosses et une construction sur poteau attribuée au Ha B3-C ; une sépulture isolée probablement protohistorique dans un chablis.
- la continuité d'un deuxième site de La Tène ancienne déjà reconnu en bord d'emprise 1999 (greniers et batterie de silos) puis évoqué à nouveau en 2000 ; ses caractéristiques sont à mettre en rapport avec les données de l'épicentre (phase 1 à 4, 1995-1996) situé à environ 400 m vers le nord après un vide archéologique large d'environ 200 m : ce sont deux constructions sur poteaux et trois silos attribuables probablement à l'horizon de La Tène ancienne (transition Ha final / LT A).
- la mise au jour d'un petit habitat de La Tène D1 ; cette petite zone d'activités est formée d'un bâtiment et ses fosses adjacentes datables de La Tène D1.
Ainsi la fouille de 2001 a permis de mettre au jour et en perspective un mode de dépôt funéraire du Néolithique moyen II jusque là inédit en vallée de Marne. Elle a également permis d'atteindre sans ambiguïté la limite est, voire sud de la concentration principale du Bronze final/Hallstatt ancien mise au jour sur le site et étudiée depuis 1997 ; elle a complété la recherche sur les établissements ruraux du second âge du Fer, en faisant à la fois rebondir les découvertes des éléments de stockage (greniers et silos) de La Tène ancienne et en comblant le hiatus chronologique des débuts de La Tène finale par la découverte d'un petit habitat de La Tène D1.
Enfin, elle a initié l'élargissement de la recherche des sites terrestres vers les sites de bord de berge (milieux humides).
En ce qui concerne uniquement les habitats protohistoriques, la fouille de 2001 permet par l'exploration des zones dites "vides", de cerner les phénomènes de lisières, perceptibles ici à une échelle suffisamment large pour être exploités. La fouille préventive et extensive de Changis entre avec ces passages "vides" dans une nouvelle formulation puisque les concentrations peuvent être analysées désormais comme des entités.