, nous avons fait valoir que ce qui se passe ne s'apparente pas nécessairement à l'avènement d'un (ou plusieurs) moment(s) remarquable(s) à même de clore l'action -ce qui reviendrait à défendre une acception monumentale et événementielle de l'instauration (Lapoujade, 2017) -mais comme relevant d'un accomplissement pratique toujours en cours, autrement dit d'un « faire instauratif, en réécoutant l'enregistrement a posteriori. À travers nos comptes rendus de ces deux situations contrastées, p.202, 1943.
, elle soit collective, a ici toute son importance. Si, à certains moments, une perspective semble prévaloir au détriment d'une autre, aucune d'entre elles ne saurait jamais avoir le dernier mot et les différents acteurs impliqués doivent composer avec l'indétermination ontologique des êtres dont ils ont la charge
, est le cas lorsque Denis se saisit d'un nouvel indice (une photographie ancienne de Madame Cohen) qui lui permet d'envisager la possibilité que les sourcils froncés ne soient pas expression de douleur mais signes d'une singularité corporelle. C'est le cas également au Parlons-En lorsqu'il devient clair pour les autres participants que la « demande » des Albanaises (pour floue voire non comprise qu'elle soit) excède le Parlons-En, le déborde et par là lui renvoie la sempiternelle question de ses propres limites. Aucune de ces nouvelles lectures ne marque un point d'arrêt, d'autres suivront sans doute qui, Les savoirs des uns et des autres ne sont que provisoires et transitoires. C'
, il rende justice et raison à l'action, quitte à ce qu'il déploie un cadre pluraliste pour ce faire. Car l'ethnographe sait que si l'action qu'il décrit semble irrationnelle, cela peut aussi être parce qu'il lui faut faire encore un effort de compréhension et de description. L'on comprend alors que notre parti-pris en faveur d'une conception infra-événementielle de l'instauration est indissolublement théorique et empirique dans la mesure où il nous oblige à nous situer autrement par rapport aux situations, à écrire à partir de ce qui se passe et, de là, à rendre compte des possibles qu'elles contiennent, tant dans leur félicité que dans leur part plus sombre. Au-delà de cela, les difficultés que nous avons chacun rencontrées au moment de clore nos récits nous invitent à ne pas oublier ce que les savoirs de l'ethnographe, eux aussi, ont de transitoire et de provisoire : dans le cas du Parlons-En, en faisant émerger des éléments qui n'avaient pas vraiment été vus et qui n'étaient pas vraiment audibles dans le vif de la discussion (la qualité d'Irina, le fait que ces trois femmes étaient là pour obtenir une aide que le Parlons-En ne pouvait leur offrir), mais qui pour autant ne sauraient s'imposer comme une vérité ultime sur la situation
, La vulnérabilité comme ouverture à la contingence. Deux enquêtes situées
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, Le Temps qui reste. Un commentaire de l'Épitre aux romains, 2000.
, À la Vie, à la mort. Euthanasie : le grand malentendu, 2012.
, « Habiter : la part de l'être », Cahiers de Rhizome, vol.71, pp.11-21, 2019.
, « Le Parlons-En comme espace de circulation, 2018.
, La Démocratie des émotions, pp.67-91
, Sociologie des soins palliatifs, 2003.
, Éditions Les Presses du réel, 2015.
, From Secret Agents to Interagency », History and Theory, vol.52, pp.29-44, 2013.
, Au Bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, 2015.
, Totalisation et altérité dans l'enquête ethnographique, vol.38, pp.37-66, 1997.
, « Le temps comme pratiques de synchronisation, pp.47-65, 2018.
, Comment se conduire dans les lieux publics. Notes sur l'organisation sociale des rassemblements, 1963.
, Une opération ni seulement morale ni seulement médicale, Anthropologie & Santé, 2017.
, Enfermer maman !" Épreuves et arrangements : le care comme éthique de situation », Sciences sociales et santé, vol.33, pp.65-90, 2015.
, Les Existences moindres, 2017.
, « Puissances de l'intermittence et pouvoir de la participation, Le Pouvoir des liens faibles, pp.49-70, 2020.
, « Matters of Care in Technoscience: Assembling Neglected Things, Social Studies of Science, vol.41, issue.1, pp.85-106, 2011.
, Nothing Comes Without Its World": Thinking with Care, The Sociological Review, vol.60, issue.2, pp.197-216, 2012.
, Les Différents modes d'existence, suivi de Du mode d'existence de l'oeuvre à faire, 1943.
, Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, traduit par P, pp.7-19, 2017.
, Passing On: The Social Organization of Dying, 1967.
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, Remarques sur la philosophie de la psychologie, 1994.
, Les développements qui suivent découlent d'une recherche collective engagée afin de décrire aussi finement que possible ce que nous appelons des « lieux d'être » (Belkis, Haeringer, Pecqueux & Peroni, 2019), c'est-à-dire des dispositifs qui offrent un lieu habitable à des êtres qui, en y trouvant place, prennent une consistance spécifique, De nombreuses pistes exprimées ici sont issues de discussions nourries avec Dominique Belkis et Michel Peroni
, Ce soin n'empêche pas que la mise en petits cercles occasionne des déperditions de participants (ne serait-ce que les nombreux fumeurs qui se saisissent de cette « pause » pour sortir), comme si un quatrième cercle s'était formé à l'extérieur. La mise en cercles a aussi des conséquences plus positives, comme la tenue de premières conversations entre les membres de chaque cercle avant son début effectif. La circulation, ici des personnes (de la parole, 2018.
, S'agit-il d'une famille plus une interprète, ou d'une famille venue avec une interprète ? Ou de plusieurs familles, puisque cela semble plus une supputation de la part de Claudine qu'autre chose ?
, Numéro d'urgence sociale (gratuit)
, Voir encore : « Dans chaque acte qui constitue la bataille, à chaque niveau de son existence, aussi bien dans la hantise globale de la défaite que dans les hésitations des soldats, au moment même où elle a lieu, la question d'un autre cours de l'action, de l'événement ou de l'histoire, se pose avec insistance, p.138
, Pour ne pas trop durcir l'écart entre eux deux, outre le fait qu'ils ont des styles différents, Claudine et Pierre-Louis ont un rôle différent : il est l'animateur du débat et a donc en charge son ouverture
, il est assez impossible d'avoir la « vraie » réponse puisqu'elle a eu besoin d'une interprète pour passer l'appel et que la présente situation montre bien combien elle n'a pas accès à tout ce qui s'échange
, Non au sens où ils feraient tous deux consensus : ils partagent la nécessité de passer à autre chose, mais l'envisagent de manière très différente
, Ce n'est que par la mise en série des deux occurrences (et donc leurs écoutes multiples) que j'ai pu parvenir à cette conclusion ; en situation il était donc (quasi)impossible de le faire
, en soins palliatifs, les proches sont bienvenus à toute heure du jour et de la nuit -sous réserve, pour ce qui est de la nuit, de prévenir les soignants -leur présence est proscrite lors des soins, comme dans n'importe quel autre service hospitalier
, Cette séquence suit immédiatement celle que je viens de rapporter
, Hormis dans le cas -qui est rare et n'est pas voué à durer -où les patients sont suffisamment autonomes pour quitter leur lit et faire leur toilette dans la salle de bain de leur chambre avec l'aide d'un seul soignant, ou pour certaines autres tâches (aider un patient à manger), les soignants interviennent assez systématiquement en binôme
, L'expression est habituelle dans le service
, La vulnérabilité comme ouverture à la contingence. Deux enquêtes situées
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