, De la même manière que Googlemaps a recouvert l'espace du territoire, le manteau du digital est en passe de cannibaliser toute la discursivité sociale. Le temps réel, l'interactivité, la numérisation nous incitent à repenser la situation du média, du journaliste et de l'information dont la pratique est devenue en un sens une oeuvre ouverte et partagée. Les médias, dans nos sociétés de la seconde modernité, ont quitté l'époque de l'imposition d'un flux de données univoque et de l'irradiation d'audiences inertes et dociles. La téléprésence du journaliste court le risque en misant trop sur ses supplétifs digitaux et autres algorithmes de vouloir assurer une omniprésence mortifère ou au pire une absence irréparable. Derrière le flux des datas et des informations, le journaliste est le seul à même de procéder à l'élaboration d'un récit à l'intérieur du magma des informations, ce récit dont nous parle Malovitch, que nous préférons appeler discours, et que les algorithmes sont incapables de produire. Car l'actualité n'est pas réductible à une série de datas transmis mécaniquement à travers des scripts attendus ; elle est littéralement "parlée" quelque soit la forme du story telling qu'elle adopte. C'est pourquoi le récit journalistique est toujours indispensable car il demeure un discours d'escorte de nos démocraties mais aussi d'apprivoisement de la réalité -à quoi s'oppose le fait brut, concrétion de purs datas ou de purs signifiants, privés de signifiés ( procédé à la base de la séquence No comment diffusée par Euronews ; le trou noir d'un événement mutique et éviscéré de tout sens). Il est donc urgent d'envisager le traitement de l'actualité comme une conversation globale qui nous construit un monde commun, médias et de nos connaissances secrète une base de données relationnelle infinie et dont l'accessibilité est rendue possible à tous à partir de n'importe quel lieu. Les médias depuis toujours assurent ce mouvement perpétuel de remédiation de notre environnement expérientiel et culturel qui s'est accéléré avec l'apparition du web, 2006.

B. Bibliographie, . Ulrich, ;. Qu'est-ce-que-le-cosmopolitisme, . David, and . Richard, BOURDIEU Pierre, WACQUANT Loïc, Invitation à la sociologie réflexive, Alto/Aubier, 2006. BELTING, Hans. Pour une anthropologie des images, 1990.

. Castoriadis-cornelius, . Daniel, ». Le-spectateur-performé, and H. Cadre, FLICHY Patrice, L'innovation technique. Récents développements en sciences sociales. Vers une nouvelle théorie de l'innovation, vol.22, pp.63-75, 1975.

L. Giddens-anthony, L. Paris, . 'harmattan, L. Edward, . Paris et al., MAINGUENEAU Dominique, « Genres de discours et Web : existe-t-il des genres Web ? », Manuel d'analyse du web, sous la dir, Les imaginaires de la parole télévisuelle, Permanences, glissements et conflits » in Sociologie de la communication, 1963.

P. Marion, . Narratologie-médiatique, L. Danilo, . Société-singulariste, A. Paris et al., STEIMBERG Oscar, Semiótica de los medios masivos, SOULAGES Jean-Claude, Les rhétoriques télévisuelles ou le formatage du regard. Media Recherches, pp.61-89, 1962.

E. Veron, VIRILIO Paul, La vitesse de libération, Presse écrite et théorie des discours sociaux : production, réception, régulation, 1988.