, Albin Michel, pp.348-361, 2001.

. Frag, , vol.109

, Sur La Mothe Le Vayer et le vraisemblable, on se rapportera avec profit aux analyses d' I. Moreau, dans Guérir du sot. Les stratégies d'écriture des libertins à l'âge classique, Voir II, vol.12, p.384, 2006.

. Descartes and V. Méditations, 56 : « lorsque je cesse de considérer les raisons qui m'ont obligé à la juger telle [vraie], il peut arriver pendant ce temps que d'autres raisons se présentent à moi, lesquelles me feraient aisément changer d'opinions, si j'ignorais qu'il y eût un Dieu. Et ainsi, je n'aurais jamais une vraie et certaine science d'aucune chose que ce soit, mais seulement de vagues et inconstantes opinions, p.169, 1979.

, Or à quoi pense le monde ? Jamais à cela, mais à danser, à jouer du luth, à chanter, à faire des vers? ». Il est possible que Pascal se souvienne ici du célèbre « quand je danse, p.1107

, Voir Essais, III, 10, p. 1004 : « Voyez les gens à se laisser emporter et saisir ?. Ils sont sans vie quand ils sont sans agitation tumultuaire

. Frag, 136 (L) : « L'unique bien des hommes consiste à être divertis de penser à leur condition

, Pour de plus amples développements sur cette éthique et sa critique, voir la partie III de mon ouvrage Penser l'irrésolution, pp.483-675, 2001.

. Frag, , vol.427, p.414

. Opuscules-sceptiques and . De, Slatkine, p.393

F. Pensées, 148 (L). Cf. frag. 24 . Cette plainte s'exprime chez La Mothe Le Vayer dans Prose chagrine

. Prose-chagrine and I. Vol, , p.539

V. Montaigne, , vol.II, p.441

L. Vayer, Promenades en neuf dialogues, I, p.702

, Comme nous pleurons et rions d'une même chose, vol.38

, Des passions de l'âme, II, art. 142, éd. G. Rodis-Lewis, 1999.

, Il faut entièrement délivrer l'esprit de toutes sortes de pensées tristes, et même aussi de méditations sérieuses touchant les sciences, et ne s'occuper qu'à imiter ceux qui, en regardant la verdeur d'un bois, les couleurs d'une fleur, le vol d'un oiseau, et telles choses qui ne requièrent aucune attention, se persuadent qu'ils ne pensent à rien, p.107, 1989.

, en s'appuyant sur toutes ces pensées apparentées à la rêverie, qui naissent de l'union de l'âme avec le corps, p.80

, Ainsi, en s'employant à « ménager son temps », Descartes suit le Montaigne du chapitre III, 13 qui ne se préoccupe, lorsqu'il se promène dans un verger, que du plaisir qu'il a à se promener, et ramène ses pensées à l'activité corporelle et imaginative qui occupe son attention flottante, plutôt que de se tracasser en se livrant à des pensées considérées comme plus consistantes 81 . Et cette concession cartésienne à Montaigne n'est pas faite en passant : elle est le fruit d'une évolution de la conception cartésienne de la pensée qui marginalise peu à peu la raison lorsque cette dernière se donne pour objet non plus l'âme elle-même, non plus le corps luimême, mais bien l'union de l'âme et du corps au sein de laquelle la pensée se découvre à ellemême, quoique fugitivement, dans une semi-conscience, comme rêveuse, inattentive, instable, « toujours ailleurs », dans l'intérêt de la vie qui n'a que faire de nos méditations, et s'épanouit davantage « dans le relâche des sens et le repos de l'esprit ». Ce à quoi d'ailleurs Descartes ajoute que, même lorsqu'il s'agit d'étudier, le meilleur est d'employer son temps « aux pensées où l'entendement agit avec l'imagination et les sens 82 ». Ainsi, au fur et à mesure qu'il reconstruit les sciences et parvient aux sciences de l'homme, Descartes reconnaît la validité et la fonctionnalité de l'inattention (ou instabilité) de la pensée remarquée par Montaigne 83 . Comme Pascal, il renoue avec l'idée montanienne que l'âme est dans le corps, et que par conséquent il y a des pensées errantes, qui se déroulent en nous sans notre consentement et s'effacent au fur et à mesure, Penser à rien est bien employer son temps, car c'est s'en remettre à ce qui en l'homme n'est pas la pensée pure ou raison ?la pensée selon les Méditations métaphysiques?, mais à la pensée liée aux états et aux émois du corps, à l'activité présente dont il faut savoir jouir, la pensée du traité Des Passions de l'âme, conçue d'une manière montanienne

. Ibid, Lettre de mai-juin 1645, p.102

I. Essais, Quand je danse, je danse, quand je dors, je dors, voire et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie, je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude, vol.13, p.1107

, Voir des Passions de l'âme, I, art. 21 :« Notre pensée erre nonchalamment sans s'appliquer à rien de soimême

, Des passions de l'âme, II, art, p.74

, On ne pourra sans doute jamais faire par raison tout ce que l'on fait par coutume (fonder en raison tous nos usages), car la vie humaine est tributaire de l'irrationnel. Pour ce qui est du rapport entre la coutume et l'esprit, Descartes estime à la suite de Montaigne que « c'est bien plus la coutume et l'exemple qui nous persuadent qu'aucune connaissance certaine », et Pascal que « c'est la coutume qui fait nos preuves les plus fortes et les plus crues » 89 . En effet, la seconde nature ayant détruit la première, « la coutume est notre nature 90 », si bien que d'une manière bien plus radicale que chez Montaigne encore, nos principe naturels sont assimilables à nos principes accoutumés. Si l'administration cartésienne de la preuve ne procède pas de la coutume comme chez Pascal ?pour qui la certitude de la foi comme les certitude mathématiques, reposent sur elle 91 ? elle a une telle emprise sur notre esprit, que c'est elle qui justifie l'usage du doute dans les Méditations. En effet, les manières habituelles de penser se rendent presque maîtresses de notre créance, si bien que, pour lutter contre la prévention et la précipitation du jugement, il faut déployer une suspension de l'assentiment qui soit susceptible de contrebalancer ce plis incontrôlable de l'esprit. Ce recours à la méthode de l'ordre des raisons, bonne habitude contractée, peut être instaurée volontairement : selon les Passions de l'âme de Descartes, on peut s'accoutumer volontairement à modifier le schéma corporel, en disposant le corps à réagir d'une manière plus adaptée à la situation (forme de dressage orienté par la raison) ; selon les Pensées de Pascal

. Voir-respectivement-discours-de-la-méthode, . Ii, and . §16, , p.584

P. Pascal, Cf. La Mothe Le Vayer, in Dialogues faits à l'imitation des Anciens, Dialogue de la philosophie où la coutume est présentée comme « un cinquième élément, voire une autre nature, p.33

, Qui doute donc que notre âme étant accoutumée à voir nombre, espace, mouvement, croit cela et rien que cela, vol.419

, Règles pour la direction de l'esprit, VIII, éd. Alquié, p.118

D. De-la-méthode,

, Promenade en neuf dialogues, I, Vol I, p.697

, Derniers Petits Traités en forme de Lettres, CXXXIV, vol.II

, Dialogues faits à l'imitation des Anciens, Lettre de l'auteur, Bibliographie critique, pp.12-13

F. Brahami-«-pourquoi-prenons-nous-titre-d'être-»-?-pensée-de-soi, . Pensée-de-dieu-chez-montaigne, and . Descartes, Revue de Métaphysique et de Morale, Paris, PUF, n. 1/ janvier 2006. J. P Cavaillé, Dis/simulations, Religion, morale et politique au XVIIème siècle, Giocanti, Penser l'irrésolution, pp.75-92, 2002.

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, A. Mc Kenna, « Les Pensées de Pascal : une ébauche d'apologie sceptique, Le retour des philosophies antiques à l'âge classique, dir. P. F Moreau, pp.348-361, 2001.

I. Moreau, F. Népote, Excellence classique et marginalité au XVIIème siècle, Eléments pour une réflexion, Revue XVIIème siècle, Guérir du sot. Les stratégies d'écriture des libertins à l'âge classique, pp.359-367, 2006.
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/in2p3-00003501

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