L'emploi du laiton dans les monnayages d'argent médiévaux. Etat des connaissances actuelles et perspectives de recherche
Résumé
Brass, an alloy made of copper and zinc, is particular in the way it was made in ancient times since it was not obtained by mixing
those two metals in liquid state (as copper and tin are for bronze for example) but by the process of cementation, a solid-state
diffusion in controlled conditions of temperature and atmosphere: indeed, the metallurgists during the Antiquity and the Middle
Ages did not have the ability of producing metallic zinc, at least in Western Europe and around the Mediterranean basin. As a
consequence, the high levels of zinc up to 10% measured for Christian coin series dated to the first centuries of the Middle Ages
can only result from the mixing of brass for debasing the silver-based coins. Analytical results have been published in several
studies for different coinages of this period and interpretations of this phenomenon have been proposed by the authors who
were confronted to these observations. This contribution has a double objective: on the one hand, it is aimed to propose a general
overview of the phenomenon of the practice of adding brass to the silver coins during the early Middle Ages, by presenting both
published and unpublished results; on the other hand, the comparison of the data gathered offers the opportunity to propose
hypothesis for explaining this phenomenon, as well as lines of investigation for testing them.
Le laiton, alliage constitué de cuivre et de zinc, présente la particularité d’avoir été produit aux époques anciennes non pas
par le mélange de ces deux métaux (comme le sont le cuivre et l’étain dans le bronze par exemple), mais par le procédé de
cémentation, une diffusion à l’état solide dans des conditions d’atmosphère et de températures contrôlées : les savoir-faire
antiques et médiévaux – dans l’Occident et le bassin méditerranéen à tout le moins – n’autorisaient en effet pas la production
de zinc métallique. Par conséquent, les fortes teneurs en zinc de l’ordre du pour cent, voire de plusieurs pour cent, relevées à
l’occasion d’analyses de séries monétaires chrétiennes des premiers siècles du Moyen Âge, ne peuvent résulter que de l’ajout
de laiton pour l’altération des alliages à base d’argent qui constituent les pièces. Des résultats analytiques ont été publiés par
le passé relativement à différents monnayages et des interprétations ont été proposées par les auteurs ayant été confrontés à
ces observations. L’objectif de cette contribution est double : il s’agit d’une part de proposer une vision large du phénomène
de la pratique de l’ajout de laiton dans les monnaies d’argent pendant le haut Moyen Âge, par la prise en compte des résultats
antérieurs et de nouvelles séries d’analyses ; d’autre part, la confrontation des données rassemblées constitue un support de
réflexions pour formuler des hypothèses d’explication de ce phénomène, ainsi que des propositions de pistes de recherche pour
les mettre à l’épreuve.